« Les syndicats sont comme les fleurs, ils meurent si on les arrose trop. » C'est par cette citation surréaliste que débute l'ouvrage sur l'argent des syndicats, entrepris par deux syndicalistes (respectivement de FO et de la CGT) et par un journaliste philosophe, spécialiste du lobbying et de la corruption.

La récente affaire des caisses noires de UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie) - chargées, selon les déclarations de Denis-Gautier Sauvagnac, son président d'alors, « de fluidifier les relations sociales » -, est venue redonner toute son actualité à la question du financement des syndicats. La classique opposition patronat-syndicats semble mise à mal par la réalité financière du syndicalisme.

Les trois auteurs analysent à la loupe comment, dans la lutte sociale, les «vertueux» syndicalistes se laisse acheter par les «méchants» capitalistes, au point d'en oublier la défense de leurs adhérents. Chemin faisant, ils expliquent la nécessité de revoir à la baisse les chiffres déjà calamiteux de la représentativité sociale en France et dénoncent les arrangements entre patrons et centrales, faits sur le dos des précaires et autres intérimaires.

La désaffection des salariés vis-à-vis des syndicats augurait déjà du fait qu'au pays de la contestation, les dés étaient légèrement pipés, mais le livre de Lenglet, Touly et Mongermont a le mérite de préciser l'étendue du désastre et donc d'indiquer quelques pistes pour sortir de l'impasse. P. R.