Face au développement d'entreprises suisses basées à l'aéroport de Bâle-Mulhouse, les acteurs de la formation du sud de l'Alsace travaillent à bâtir une offre dans ce domaine, dont la région est traditionnellement dépourvue.
L'Alsace, terre d'aéronautique ? Incongrue il y a quelques années, la question se pose désormais le plus sérieusement du monde, grâce à la Suisse voisine. Trois sociétés prévoient de créer au moins 700 emplois dans les deux ans sur la partie française de l'aéroport de Bâle-Mulhouse, dans l'aménagement intérieur et la maintenance d'avions. Ces besoins, auxquels s'ajoutent quelque 500 emplois potentiels de sous-traitance, susciteront la création, dans les prochains mois, d'une plate-forme de formation. Elle associera l'Agefos-PME Alsace, la CCI de Sud-Alsace et l'Afpa, qui dispose déjà d'un centre dédié à l'aéronautique à Gonnesse, près de Roissy. « Nous comptons attirer au moins 400 à 500 candidats », espère Jean-Pierre Gallo, président de l'aéroport de Bâle-Mulhouse et principal initiateur du projet.
Les regards des recruteurs suisses se tournent, en effet, en grande majorité, vers la France, pour des questions de qualification davantage que de coûts. « Nous employons déjà 70 % de frontaliers français, car ils possèdent les compétences que nous recherchons : menuiserie, travail du cuir, métallerie... », expose Norbert Marx, directeur de Jet Aviation Bâle (1 500 salariés), qui prévoit, à lui seul, 400 embauches.
L'Afpa franchira une première étape en septembre prochain, en démarrant un cursus qu'elle évalue entre 400 et 600 heures. « Il donnera un socle commun de connaissances de base en anglais technique, aérodynamisme, matériaux, législation, sûreté/sécurité, soit les besoins les plus urgents que les entreprises nous ont exprimés », souligne Frédéric Vicquery, directeur de l'Afpa-Mulhouse. Puis, des formations de technicien d'aérostructure (niveau 4) et d'aménagement de cabines devraient voir le jour en fin d'année. Selon ses initiateurs, cette «plate-forme» alsacienne pourra être rejointe par les formations locales existant dans les nombreux métiers que requièrent les développements prochains des industriels : câblerie électrique, électronique, tuyauterie-plomberie, mécanique... Le projet vise aussi bien les demandeurs d'emploi que le personnel des PME locales qui pourraient décrocher des marchés de sous-traitance susceptibles de réduire leur dépendance à l'industrie automobile. Il prévoit donc de recourir aux contrats de professionnalisation comme à la période de professionnalisation et aux plans d'entreprise, voire au CTP (contrat de transition professionnelle), selon l'avenir que l'Etat réservera à ce dispositif expérimenté à Belfort-Montbéliard, tout près de l'aéroport.
Mais, tout reste à faire pour son financement. Car une question complexe doit être résolue : comment faire participer à un Opca hexagonal des entreprises suisses, certes employeuses de salariés français ? L'Agefos-PME s'attelle à ce dossier, dans le but de trouver un cadre juridique fiable d'ici à l'automne.