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La retraite expliquée aux jeunes

Dossier | publié le : 05.06.2007 | Christian Robischon

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La retraite expliquée aux jeunes

Crédit photo Christian Robischon

Par sa communication RH, l'entreprise pharmaceutique incite ses salariés à adhérer le plus tôt possible à son PEE ou à son Perco.

« N'attendez pas d'approcher l'âge de la retraite pour vous en préoccuper. » L'usine Lilly de Fegersheim (Bas-Rhin) répète à intervalles réguliers ce message à ses 1 900 salariés, en particulier à ses quelque 900 collaborateurs situés sous la moyenne d'âge de 37 ans.

En même temps qu'elle mettait en place un Perco, début 2006, l'entreprise pharmaceutique a bâti une communication RH sur la thématique des retraites. Le lancement du plan succédait à une phase de 1 000 embauches en dix ans, qui a considérablement rajeuni la pyramide des âges. Les circonstances semblaient donc propices à la direction pour parler de questions de long terme - et des réponses que l'employeur apporte - à ses nouveaux salariés « d'abord préoccupés par l'achat-remboursement d'une maison ou les dépenses liées aux jeunes enfants », constate la direction du site.

Informer par le journal interne

Pierre angulaire de cette sensibilisation, le mensuel interne Info RH a d'abord présenté, en janvier 2006, les modalités du PEE (instauré en 2003) et du Perco, avec les abondements de l'employeur, avant d'insister, dans son numéro d'avril, au moment où se remplissaient les formulaires d'adhésion, sur l'intérêt d'épargner le plus tôt possible. Depuis, il a complété l'information au fil de ses parutions. Il a, par exemple, présenté de façon simplifiée les mécanismes de déblocage, attiré l'attention sur l'impact de la CSG et de la CRDS sur les montants perçus, ou répondu à la question : « Que devient mon PEE ou mon Perco si je quitte Lilly ? ». « Question importante, compte tenu du fait que nombre de collaborateurs ne se projettent plus forcément à vingt ans dans la même entreprise », signale Marie-Antoinette Klein, responsable de la communication de Lilly-Fegersheim.

Affichage et site web dédié

D'autres supports viennent appuyer le discours : affichage dans les couloirs, document annuel de 4 pages sur la politique de rémunération, intranet et accès moyennant codes au site web <www. ma-remuneration-globale. fr>, développé par Hewitt pour Lilly, qui fournit calculs et estimations personnalisés. La filiale française du groupe américain, qui propose également une retraite surcomplémentaire, aménage, par ailleurs, pour ses salariés, une rencontre individuelle avec son «Mr Retraite» Borhis Fleury, afin d'aborder de façon confidentielle les questions spécifiques à chacun.

En termes d'adhésions au PEE et au Perco, le bilan ne semble toutefois pas à la hauteur des efforts déployés, aux dires des représentants du personnel. « La volonté de communication de l'employeur est indéniable et ses moyens nous semblent pertinents, mais elle n'a pas eu pour conséquence de propulser la retraite parmi les priorités de nos jeunes collaborateurs. Ceux-ci se préoccupent d'abord de l'achat de leur logement, qui les endette pour vingt ans et plus », relèvent-ils. Et ce, malgré le cas de déblocage spécifiquement prévu dans les Perco pour ce motif, et une politique d'abondement qui, chez Lilly, favorise plutôt les petits versements (100 % sur les 100 premiers euros et 50 % au-delà).

Dans son opération pédagogique, Lilly France estime néanmoins que la médiatisation du débat contribuera à un meilleur succès de son dispositif : la mise sur la place publique de la question de l'avenir des retraites a au moins levé, dans l'entreprise, le tabou qui entourait la question, considérée, jusqu'à il y a quelques années, comme ne relevant que du privé.

lilly france

> Effectifs : 2 980 salariés, dont 2 000 à Fegersheim.

> Chiffre d'affaires : 2,02 milliards d'euros.

Schlumberger : un Perco dans un accord de diversité des âges

- Il n'y a pas si longtemps, Schlumberger France avait l'habitude de voir partir ses salariés aux alentours de 56 ans. Les départs négociés étaient, en quelque sorte, devenus une règle partagée par les salariés et la direction. La loi Fillon en a décidé autrement. Il fallait donc convaincre les salariés âgés d'abandonner l'idée d'un licenciement individuel prématuré et de rempiler jusqu'à l'âge de la retraite. Problème : ces procédures de licenciement étaient financièrement avantageuses, comparées aux indemnités de retraite. Il fallait donc envisager un revenu complémentaire.

- C'est chose faite avec l'adoption d'un plan d'épargne retraite collective interentreprises (il couvre les sept entités juridiques), en place depuis le début de l'année. Dès le démarrage, 500 des 1 300 salariés de cette entreprise, spécialisée dans les services pétroliers, ont adhéré au dispositif, intégré dans un accord sur la diversité des âges, signé par l'ensemble des syndicats. L'âge moyen des bénéficiaires est de 46 ans.

- Quant aux sommes investies, elles vont de 20 euros (le montant minimal exigé) à 6 100 euros. L'employeur abonde les versements à 150 % pour les salaires les plus modestes et à hauteur de 50 % pour les plus élevés. Par ailleurs, il prend en charge les frais de gestion. Géré par Natixis, le dispositif permet aux salariés d'opter entre une gestion libre entre six fonds ou une gestion automatique, par horizons. Dans ce dernier cas, plus le salarié approche de l'âge de la retraite, plus son épargne est sécurisée.

Auteur

  • Christian Robischon