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La mue controversée de l'ANPE

L'actualité | L'événement | publié le : 03.04.2007 | Anne Bariet

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La mue controversée de l'ANPE

Crédit photo Anne Bariet

Malgré un bilan satisfaisant, l'ANPE n'a pas réussi à vaincre les inquiétudes de ses agents : possibilité de création de filiales privées, projet de fusion avec l'Unedic, ou encore mise en concurrence avec les opérateurs privés. La mue de l'ANPE se précise, sans rassurer.

« Je n'ai aucun projet. » Alors que le décret permettant la création de filiales privées est paru le 28 mars au Journal officiel, la veille, Christian Charpy, directeur général de l'ANPE, a tenté de rassurer lors de la présentation de son bilan d'activité 2006. « Les outils dont je dispose sont tout à fait suffisants pour relever le défi le plus important : faire baisser le chômage en France. A ce stade, a-t-il indiqué, aucun projet de création de filiales de droit privé ni projet de facturation de nos services aux entreprises n'est prévu. »

Ses propos n'ont, toutefois, pas empêché la grève des personnels de l'ANPE, le 29 mars, pour défendre le service public, à l'appel de l'ensemble des syndicats. Avec ce décret, annoncé dans la loi de cohésion sociale, ces derniers redoutent, en effet, un éclatement complet du statut de l'Agence, avec le transfert à des filiales d'une partie des missions transformées en services payants.

Des prestations payantes

Cette question avait, d'ailleurs, été ouvertement abordée, en 2003, par son prédécesseur Michel Bernard, lors de la négociation du quatrième contrat de progrès 2004-2008, qui proposait de faire payer une partie de ses prestations aux entreprises. Parmi les services visés, le recrutement par simulation, la gestion des candidatures spontanées, ou encore le reclassement des salariés licenciés.

Mais la diversification des ressources financières n'est pas la seule inquiétude des 28 700 agents. D'autres orientations sont également contestées. Les syndicats craignent, ainsi, la mise en concurrence avec les opérateurs privés sur le marché du placement des demandeurs d'emploi.

De même, le projet de fusion ANPE-Unedic, prôné par Nicolas Sarkozy, n'ouvre pas la voie à un avenir serein. Car, comment faire pour rapprocher les deux organismes, avec, d'un côté, un service public géré par l'Etat, et, de l'autre, un organisme paritaire créé et géré par les partenaires sociaux ? Faudra-t-il privatiser l'ANPE ou nationaliser l'assurance chômage ? « Pourquoi nous engagerions-nous sur une telle proposition si nous n'avions pas identifié des voies de passage ? », a souligné Xavier Bertrand, porte-parole du candidat UMP, lors d'une rencontre avec l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis), le 27 mars. Sans, toutefois, préciser ses intentions.

Mission essentielle de service public

Pour l'heure, seul un GIE (groupement d'intérêt économique) a été mis en place entre les deux entités pour unifier leurs services informatiques et créer le dossier unique du candidat. Pour Christian Charpy, « l'ANPE a beaucoup changé et continuera de changer ». Mais, at-il poursuivi, « nous avons une mission de service public absolument essentielle, il faut donc que nous puissions nous transformer progressivement pour être plus efficaces, plus rapides ».

Cette recherche d'efficacité passe, pour l'heure, selon l'ANPE, par un rapprochement avec les entreprises. Ainsi, en 2006, l'Agence a collecté 3,5 millions d'offres d'emploi, soit une croissance de 2,5 % par rapport à 2005. Pour répondre aux souhaits des entreprises, l'ANPE sélectionne fréquemment deux à trois candidats répondant exactement à leurs critères de recherche. Les entreprises clientes apprécient. Leur nombre a atteint 531 000, soit 50 000 de plus depuis la fin du monopole.

Accompagnement renforcé

Côté demandeurs d'emploi, l'ANPE compte renforcer le service personnalisé pour favoriser un retour plus rapide au travail. D'ores et déjà, le suivi mensuel, mis en place en 2006, a bénéficié à 95 % des demandeurs d'emploi concernés. L'Agence développe également des prestations spécifiques : c'est ainsi qu'elle a lancé «Cap vers l'entreprise», fin 2006, un programme d'accompagnement renforcé pour les 46 000 chômeurs « présentant un risque de chômage longue durée », expérimenté actuellement dans six régions françaises (lire Entreprise & Carrières n° 850).

Résorber la fracture sociale

Elle compte également sur les Missions emploi quartiers ou les plateformes nationales en faveur des jeunes issus des zones urbaines sensibles pour résorber la fracture sociale. Ou encore sur des prestations, telles que «Objectif placement» et les plateformes de vocation. Autant de dispositions qui, selon Christian Charpy, ont contribué à la baisse du chômage, qui a atteint « un taux de 8,5 % en janvier 2007 », soit le plus bas niveau constaté depuis... 1983.

Auteur

  • Anne Bariet