logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

L'achat de formation se rationalise

Enquête | publié le : 03.04.2007 | E. F.

Image

L'achat de formation se rationalise

Crédit photo E. F.

En rationalisant ses achats, FagorBrandt a réalisé 15 % d'économies sur ses formations à la sécurité, les plus standardisées. Les formations qui nécessitent d'être personnalisées échappent aux acheteurs.

Chaque année, le fabricant d'électroménager FagorBrandt, filiale du groupe Fagor, dépense un million d'euros pour la formation de ses salariés. Jusqu'en 2005, les responsables de formation des sept sites de l'entreprise étaient maîtres de ce budget puisqu'ils choisissaient seuls les prestataires avec lesquels ils voulaient travailler. Depuis, les choses ont changé et ils doivent composer avec Annick Hafliger, acheteuse hors production : fournitures de bureau, voyages, traductions, abonnements, contrôles réglementaires, et formation. « La situation n'était pas satisfaisante : chaque responsable de formation négociait de son côté sans pouvoir profiter du potentiel du groupe en termes de volumes », explique cette dernière.

Annick Hafliger pointe, en outre, le problème de la sécurisation des contrats passés avec les prestataires : « La mauvaise santé financière de certains ; la trop grande dépendance d'autres vis-à-vis de nous, interdite par la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) ; la propriété intellectuelle des formations fournies, autant de questions que ne traitaient pas les responsables de formation. »

En 2003, FagorBrandt décide d'organiser ses achats hors production, dont les formations, en commençant par les plus simples : les formations à la sécurité, objet d'un contrat- cadre signé en 2005. Leur contenu, standardisé, se prête à des comparaisons ; et, étant obligatoires, elles garantissent un volume d'achats.

Moins de prestataires

Le budget annuel consacré à ces formations était d'environ 130 000 euros, que se partageaient 13 prestataires : 11 implantés localement, et 2 avec une assise nationale. Le principe général de la rationalisation d'un achat est de réduire le nombre de prestataires, d'augmenter les volumes achetés à ceux qui sont référencés, et de baisser le prix d'achat à l'unité.

Une équipe, dans laquelle sont représentés la formation et les achats, et à laquelle participe le coordinateur sécurité, est chargée de sélectionner le prestataire. Ce dernier devra être présent sur tout le territoire, afin d'être le fournisseur unique des sept sites ; se trouver géographiquement proche de ces sites, pour réduire les déplacements ; et être susceptible de proposer, en plus de la formation, du contrôle réglementaire sur la sécurité. « Il est important que notre formateur en matière d'habilitation de sécurité soit aussi le contrôleur de nos équipements car, ainsi, il connaît mieux les risques de nos installations et nous propose une formation personnalisée ; de plus, cela nous permet de jouer sur le volume global - formation + contrôles », explique Annick Hafliger. Ces trois critères excluent les prestataires locaux.

Sans enchères inversées

A contenu équivalent, c'est le prix qui permet alors de faire le choix entre les deux prestataires nationaux encore en lice, sans recours aux enchères inversées, précise Annick Hafliger. A l'arrivée, c'est Norisko qui l'emporte. Au terme de cette démarche, dont l'aboutissement est le contrat-cadre signé il y a deux ans, FagorBrandt réalise, en moyenne, 15 % d'économies sur ses dépenses de formation à la sécurité.

« Au départ, j'ai eu quelques réticences quant à la perte de qualité, mais, finalement, nous sommes parvenus à réduire les coûts sans dégrader le niveau », témoigne Anne Waxin, responsable formation du site d'Orléans. Par ailleurs, elle reconnaît l'apport des achats sur la sécurisation des contrats. Certes, en devant travailler avec Norisko, elle a perdu son fournisseur habituel de formations à la sécurité, mais elle a, en contrepartie, économisé 30 % sur leur prix à l'unité ; et « les économies réalisées sont réinvesties dans la formation ».

Formation aux langues

Aujourd'hui, FagorBrandt finalise des contrats-cadres pour d'autres familles de formation : la bureautique, l'informatique, la maintenance industrielle, et les métiers de la métallurgie. « J'interviens sur un peu moins de la moitié du budget de formation. A terme, j'espère pouvoir agir sur 80 % de ce budget. Dès lors que nous travaillons régulièrement avec un prestataire, qu'une formation est récurrente et suffisamment standardisée, elle se prête à un contrat-cadre », explique Annick Hafliger.

L'exercice trouve pourtant ses limites avec les formations aux langues. « Si on ne veut pas perdre en qualité, il faut pouvoir personnaliser les formations, notamment en fonction du niveau initial, mais aussi des besoins des apprenants », déclare Anne Waxin. Un point de vue que partage Annick Hafliger, qui devrait donc préférer les contrats-cadres aux conventions avec les prestataires locaux. « Je travaille encore peu avec les services ressources humaines, regrette cette dernière. Les premiers résultats obtenus sur la formation sont encourageants et devraient nous permettre d'élargir la collaboration achats/RH à d'autres sujets : assurances, recrutement, conseils... », chasse gardée de la DRH, mais pour combien de temps ?

Contrat-cadre d'achat de formation

t Selon Annick Hafliger, acheteuse hors production chez FagorBrandt, un contrat-cadre d'achat de formation peut être court, soit environ six pages. Il traite : > le périmètre géographique concerné : France... ; > la prestation achetée : formation inter ou intra-entreprise, conseils... ; > le prix par type de prestation ; > les remises de fin d'année en fonction du volume de prestations achetées ; > le «service après-vente» ; > les frais annexes, tels que les déplacements du formateur ; > les conditions d'annulation des sessions de formation ; > l'engagement du fournisseur sur le respect de la législation (travail dissimulé, paiement des charges sociales...) ; > la propriété intellectuelle ; > la confidentialité ; > la question du non-débauchage des formateurs ; > la durée du contrat (en général un an, pour démarrer).

FagorBrandt

> Secteur : électroménager.

> Effectifs France : 3 500 salariés.

> Implantations : 7 sites.

Auteur

  • E. F.