En France, chaque année, plus de 700 000 personnes font l'objet d'un licenciement. Mais, ce flux régulier cache une évolution profonde de la nature de ces ruptures de travail, notamment quand elles concernent les cadres.

Aux licenciements économiques, majoritaires dans les années 1990, ont succédé les séparations pour motifs personnels. Aujourd'hui, 70 % des licenciements se font ainsi, au nom d'une incapacité du salarié à s'acquitter des tâches et des missions qui lui sont confiées. Ce motif est devenu la seconde cause d'entrée à l'ANPE après les fins des CDD.

L'incapacité peut être de nature fautive, mais elle est, le plus souvent, liée à une incapacité du salarié à remplir des objectifs fixés par la direction. Ce motif de licenciement fait d'ailleurs, de plus en plus souvent, l'objet de clauses explicites dans les contrats de travail. Les avantages pour l'entreprise sont nombreux : ne pas mettre en place les dispositifs de reclassement prévus en cas de licenciement économique, maîtriser la pyramide des âges, se séparer des salariés les plus chers...

Florence Palpacuer, Amélie Seignour et Corinne Vercher, toutes trois spécialistes de gestion et de GRH, analysent les causes de cette mutation liée à l'individualisation des relations de travail. Dans un second temps, elles passent à la loupe la logique de substitution de cette forme de licenciement à d'autres types de licenciements. Enfin, elles s'arrêtent sur les conséquences pour les cadres : début d'un processus de déqualification sociale ou, au contraire, occasion de rebondir.