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PSA, SFR, Triselec, lauréats socialement responsables

Les Pratiques | Point fort | publié le : 13.02.2007 | guillaume le nagard

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PSA, SFR, Triselec, lauréats socialement responsables

Crédit photo guillaume le nagard

Les démarches de responsabilité sociale de ces trois entreprises ont séduit le jury des Trophées RH d'Orga Consultants, dont Entreprise & Carrières est partenaire. Elles témoignent de la diversité des approches et débouchent sur des pratiques concrètes et mesurables.

Année après année, la notion de responsabilité sociale se fait une place au coeur des stratégies d'entreprise. Parmi les candidats à cette seconde édition des Trophées RH d'Orga Consultants, portant, cette année, sur ce thème, les approches étaient multiples, que ce soit autour de politiques globales ou d'initiatives plus ciblées, souvent consacrées, dans ce cas, à la diversité ou à l'ancrage territorial.

Approches multiples

Les lauréats de ces Trophées 2007 témoignent de la diversité des conceptions de la RSE, des périmètres de la démarche et des pratiques mises en oeuvre.

Le 26 janvier dernier, PSA Peugeot Citroën signait avec le syndicat local Oz Kovo, une convention collective d'entreprise pour son site slovaque de Trnava. Parmi les mesures, figurent le renforcement du dialogue social et l'information/consultation des partenaires sociaux, une négociation annuelle sur les salaires, la mise en place de régimes de prévoyance et de retraite complémentaire...

Un accord qui ne doit rien au hasard, tant le constructeur français s'attache à décliner dans l'ensemble de ses filiales son accord-cadre international sur la RSE. Signé en mars 2006 par Jean-Martin Foltz, alors président du directoire, Jean-Luc Vergne, DRH, et les deux grandes fédérations internationales du secteur (Fiom et FEM), ce texte a ensuite été paraphé, dans onze pays - où le groupe compte plus de 500 salariés -, par les syndicats locaux de l'entreprise, soit 35 organisations au total. « On ne peut faire bouger durablement une entreprise qu'avec ses salariés et leurs représentants ; et d'ailleurs, notre approche de la RSE ne se réduit pas à cet accord mondial », remarque Jean-Luc Vergne, rappelant la politique contractuelle menée par PSA depuis plusieurs années, avec des accords sur la diversité, la santé, ou encore l'obtention du 1er label Egalité en France.

Une quarantaine d'accords-cadres mondiaux sur la RSE ont été signés, presque exclusivement en Europe, dont une dizaine en France. Ils placent les syndicats internes, mais aussi les autres (adhérents aux fédérations mondiales), dans un rôle de surveillant des engagements pris. Ils prévoient, a minima, le respect des droits humains fondamentaux, sur la base des conventions de l'OIT (travail forcé, salaires, représentation des salariés...). PSA y ajoute un engagement à appliquer les meilleures pratiques de RH dans l'ensemble de ses filiales. Le tout est assorti de plans de déploiement.

« C'est une des premières fois qu'un accord prévoit un dispositif de suivi aussi complet, avec des validations annuelles pour chaque direction », analyse François Fatoux, délégué général de l'Orse (Observatoire sur la responsabilité sociale des entreprises), qui publiera, le 21 février, un répertoire recensant tous les accords-cadres internationaux en matière de RSE.

SFR décline la mobilité, y compris sociale et dans les quartiers sensibles

L'opérateur de téléphonie mobile s'efforce de favoriser les mobilités... sociales, permettant à des jeunes des quartiers sensibles de préparer l'intégration dans des écoles d'ingénieurs. «Le Passeport ingénieur télécoms», mis en oeuvre en partenariat avec les pouvoirs publics, a déjà permis d'orienter 149 lycéens de terminale STI ou ECT ou de BTS génie électrique, issus de l'une des 30 zones urbaines sensibles en France, vers des classes préparatoires (123), ou directement vers des écoles d'ingénieurs (26). Des tuteurs, salariés de SFR, les ont accompagnés. Ils étaient une centaine jusqu'en 2005. Depuis, le projet a pris une autre ampleur, Alcatel, Ericsson, Motorola, Nokia et Siemens, rejoignant SFR en 2006. Pour l'année scolaire en cours, 418 élèves sont éligibles et 337 tuteurs mobilisés.

Le projet a été patiemment monté avec les ministères de l'Emploi et de l'Education nationale, qui ont choisi les critères d'éligibilité des bénéficiaires. En interne, les tuteurs, généralement des professionnels ayant au moins deux à trois ans d'expérience, ont été formés à l'accompagnement et au coaching, par l'IMS (Institut du mécénat social, créé par Claude Bébéar). « La relation tuteur-tutoré n'est pas cadrée, indique Stéphane Roussel, le DRH. Ils choisissent leur mode de relation. L'idée n'est pas tant d'entrer dans la technique que de dire à ces jeunes : «c'est possible». »

Mobilité citoyenne

Bénéfice pour l'entreprise ? « Ce projet correspondait tout simplement à l'une de nos valeurs : la mobilité, poursuit Stéphane Roussel. Nous voulons la décliner au-delà de nos seuls clients et nous pensons qu'il doit aussi s'agir d'une mobilité citoyenne. » De cette idée, SFR a fait un véritable dispositif de lutte contre la discrimination géographique et le déterminisme social.

L'essentiel

1 PSA Peugeot Citroën, lauréat pour les politiques globales RSE, décline dans ses filiales les engagements de son accord mondial sur la RSE.

2 SFR, lauréat pour les projets RSE, forme des tuteurs parmi ses salariés pour accompagner des jeunes des quartiers sensibles dans un cursus d'ingénieur.

3 Triselec, prix spécial du jury, est l'un des centres de tri des déchets les plus performants de France, tout en réinsérant des salariés atteints de handicaps.

Triselec sait aussi valoriser les hommes

Société d'économie mixte lilloise, Triselec n'en affiche pas moins une performance que beaucoup d'entreprises privées jalouseraient, avec un résultat brut proche de 12 %, sur un chiffre d'affaires de 13 millions d'euros. Et après versement de plus de 340 000 euros de primes participatives à ses 290 salariés... Beau tour de force, quand on sait que le premier centre de tri des déchets ménagers en France (100 000 tonnes traitées en 2006) fait, depuis 1994, le pari de la lutte contre l'exclusion.

« Trier des déchets n'a rien de valorisant. Pour attirer le personnel, il fallait à la fois accepter tous les profils et organiser la formation en conséquence », explique Patrick Vandamme, le DRH de Triselec, pour qui le handicap d'un salarié ne doit pas devenir celui de l'entreprise. Mais, comme certains de ces handicaps sont lourds (un quart de l'effectif est illettré, un quart est reconnu Cotorep), Triselec a développé un outil de formation multimédia accessible à tous. Seul prérequis : savoir se servir d'une souris. « Tout en se formant à leur métier, les personnes reprennent confiance en elles et en leurs capacités professionnelles », note Patrick Vandamme.

La société s'est même dotée, en 1998, d'un centre de ressources multimédia équipé d'une dizaine de postes. Sur une plage horaire étendue (de 4 h 45 à 22 h 15), des tuteurs-formateurs proposent des séquences de 30 minutes maximum, pendant les heures de travail. L'approche redonne goût à l'apprentissage, et Triselec s'attaque à l'illettrisme par des formations en visioconférence avec le Cuep de Lille.

Triplement certifiée (ISO 9001 et 14001, Ohsas 18001), l'entreprise se charge aussi de placer ses salariés dans les entreprises locales, grâce à une cellule d'outplacement interne. « Plutôt que d'avoir du mal à recruter et attendre que les salariés partent, nous avons choisi d'organiser au mieux leur passage chez nous », résume Patrick Vandamme, qui préside l'association des entreprises du Val-de-Lys.

Aujourd'hui, la moitié de l'effectif intègre l'entreprise pour une durée moyenne de six à huit mois. Et, sur les 150 personnes recrutées chaque année, environ 60 % sont reclassées dans le bassin d'emploi. Triselec a ainsi réinséré 2 400 personnes en douze ans.

Auteur

  • guillaume le nagard