Ala tête d'une compagnie d'ambulances et de taxis depuis une dizaine d'années à Saint-Julien-de-Concelles, près de Nantes, Jean Proutzakoff sentait que quelque chose ne tournait pas rond dans l'entreprise (9 salariés) : turn-over important, manque de motivation du personnel, problème de recrutement, coûts de franchise importants dus à de la casse de matériel... « Je n'avais pas les moyens de me payer un conseil et pas vraiment le temps de m'en occuper », reconnaît-il.

Le salut viendra de la rencontre avec un conseiller missionné par la chambre des métiers de Loire-Atlantique, dans le cadre de l'opération RH+, lancée, il y a un an, en Loire-Atlantique. Une formule imaginée pour compenser l'absence de services ressources humaines dans les petites structures. « Or, ici plus encore que dans les grands groupes, un mauvais recrutement peut coûter très cher », note Philippe Grovalet, vice-président du conseil général, chargé des entreprises, de l'emploi et de la formation professionnelle.

Destinée aux entreprises indépendantes de moins de 30 salariés, l'opération est relayée par les chambres des métiers, de commerce et d'industrie et de l'agriculture. Cinq chargés de mission sont allés à la rencontre des entreprises. Objectif : les aider à rester compétitives, à se doter d'expertise RH, à fidéliser, adapter et développer leurs compétences et à favoriser leur attractivité sur leur marché ou en vue d'une transmission. « Il s'agit, bien souvent, de concevoir du surmesure », note Laurent Granson, conseiller pour la chambre des métiers.

Depuis près d'un an, 119 entreprises se sont engagées dans un prédiagnostic ; 78 ont mis en oeuvre des mesures RH, qui se sont, en moyenne, étalées sur six mois, à raison d'une quinzaine de demi-journées.

A ce jour, RH + a favorisé la création de 23 emplois et l'insertion de 10 personnes. Pour de nombreux patrons, la venue d'un conseiller leur a permis de «lever la tête du guidon». Et, plus largement, de délier les langues dans l'entreprise, de mettre en lumière et de résoudre des conflits latents, de choisir les aides appropriées, etc. C'est ainsi qu'un réparateur de télévision, installé dans le nord du département, a réorganisé son entreprise pour la céder, d'ici à un ou deux ans, à l'un de ses salariés. Une solution qu'il n'avait jusqu'alors pas envisagée. Pour la première année, ce dispositif a bénéficié d'un budget de 610 000 euros, financé par les différents partenaires et les entreprises, à qui il en coûte au global 100 euros pour les moins de 10 salariés, et 150 euros pour les plus de 10. De quoi lever le frein majeur à la gestion des RH.