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Enquête

Des jeunes «trop vieux» sur le marché du travail

Enquête | publié le : 23.05.2006 | Marie-Noëlle Terrisse, à Milan

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Des jeunes «trop vieux» sur le marché du travail

Crédit photo Marie-Noëlle Terrisse, à Milan

L'Italie fait partie du peloton de queue européen pour l'emploi des jeunes. Fort taux de chômage, faible taux d'activité, emplois précaires : les jeunes italiens cumulent les handicaps. Mais une caractéristique les éloigne de leurs voisins européens : quand les Italiens arrivent sur le marché du travail, ils ne sont plus... jeunes !

Selon les statistiques de l'Istat, l'institut national de la statistique, le taux de chômage des 15-24 ans s'est établi à 24 % l'an dernier, soit une légère augmentation par rapport à 2004 (23,5 %).

Fortes différences régionales

Sans surprise, les différences régionales sont importantes : au nord de la Péninsule, le taux de chômage des jeunes s'établit à 13,2 %, mais il grimpe à 21,1 % dans les régions centrales et bondit à 38,6 % dans celles du Mezzogiorno, avec des pointes à 44,8 % en Sicile et à 46,1 % en Calabre !

Les mesures pour l'emploi des jeunes ne font pas partie, pour autant, des priorités politiques. Les sporadiques initiatives locales n'ont jamais eu un grand impact, et le monde des entreprises est pratiquement absent de la réflexion sur ce sujet. Les grandes réformes du marché du travail, les lois Treu de 1997 et la loi Biagi de 2003, se sont focalisées sur d'autres aspects, comme l'introduction de formes de flexibilité dans un système particulièrement rigide.

On assiste aujourd'hui à un retour de bâton : le débat médiatique s'est focalisé sur l'équation flexibilité = précarité, et la presse italienne déborde d'articles sur les jeunes contraints à accepter des statuts hybrides («parasubordinati») avec une protection sociale réduite, et à reporter ainsi des choix importants comme, par exemple, celui d'avoir des enfants.

Cocon familial

La réalité est plus complexe. En effet, seuls 21 % des «parasubordinati» ont moins de 30 ans, le gros des troupes étant représenté par les 30-40 ans. Le problème est en partie ailleurs, dans le fait que les jeunes italiens ne se lancent pas sur le marché du travail. La plupart restant dans le cocon familial jusqu'à 30 ans. Le taux d'activité des 15-24 ans est en constant recul ces dernières années, pour arriver à 25,5 % en 2005. Les étudiants finissent généralement leur parcours universitaire vers 27-28 ans. En outre, on estime que 35 % des 15-19 ans et 20 % des 20-24 ans ne travaillent pas et ne poursuivent pas d'études.

Arrivée tardive

L'âge d'arrivée sur le marché du travail est donc particulièrement tardif. Comme l'observe le juriste Michele Tiraboschi dans une étude sur l'emploi des jeunes réalisée l'an dernier, « l'âge moyen d'accès à un emploi régulier est de plus de 25 ans. Justement l'âge auquel on cesse d'appartenir, tout au moins pour les règles communautaires en matière d'aides d'Etat et de mesures pour l'emploi, à la catégorie des jeunes ! » Du coup, les stages, CDD et autres contrats prévoyant une formation risquent d'être inadaptés pour des personnes qui ne sont plus des jeunes, mais des adultes. Il faut donc chercher les solutions en amont, notamment en réduisant la trop longue phase de transition entre la fin de la scolarité et l'entrée dans le monde du travail.

italie

> Taux de chômage des jeunes : 24 %.

> Principale mesure : rares initiatives locales.

Auteur

  • Marie-Noëlle Terrisse, à Milan