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Enquête

Des acteurs économiques très impliqués

Enquête | publié le : 23.05.2006 | Didier Burg, à Amsterdam

Les Pays-Bas ont entamé, en 2002, une vaste campagne de sensibilisation à l'égard du chômage des jeunes qui commence à porter ses fruits, grâce à une forte mobilisation des syndicats et des fédérations professionnelles.

Philips, McDonald's, Siemens, Fortis... Les grands groupes présents aux Pays-Bas ne sont pas en reste pour lutter contre l'inactivité des 16-25 ans. Le taux de chômage des jeunes néerlandais s'avère deux fois plus élevé que celui de l'ensemble des actifs, même si ce chiffre a été ramené à 12,2 % aujourd'hui, alors qu'il atteignait 16,1 % en 2004. Pas de recette miracle pourtant, mais une implication de tous les acteurs sociaux et économiques qui a porté ses fruits suite à la forte impulsion du gouvernement. Une spécificité, cependant : l'implication des fédérations professionnelles et des syndicats.

Crise économique

Longtemps ignoré, le chômage des jeunes n'a interpellé la classe politique qu'avec le retour de bâton de l'économie, au début des années 2000. C'est avec le doublement du chômage de l'ensemble de la population active en à peine deux ans que la situation précaire des jeunes est devenue un véritable sujet de préoccupation. Empoignant le problème, moins d'un an et demi après son installation au pouvoir, en mai 2002, la coalition de centre droit se fixe des objectifs draconiens en la matière. Le Premier ministre promet de faire baisser des deux tiers le chômage des 16-25 ans avant la fin de son mandat en 2007. Un pari en passe d'être gagné, avec une chute de 20 % du nombre de jeunes chômeurs enregistrée la première année. De plus, le royaume est passé sous la barre fatidique des 50 000 jeunes chômeurs.

Le train de l'emploi

Pour parvenir à ces résultats, un groupe de travail dénommé «Taskforce jeugdwerloosheid» (le chômage des jeunes) a déployé ses efforts tous azimuts. Un train de l'emploi a parcouru le pays pendant des mois. Des «semaines de l'emploi des jeunes» sont désormais organisées dans les plus grandes villes. Des bureaux d'accueil ont vu le jour. Un reality show a même été diffusé à la télévision pour sensibiliser l'opinion publique... Un véritable branle-bas de combat qui a entraîné dans son sillage les communes, les instituts d'enseignement, mais, surtout, les entreprises.

S'attaquant au problème en amont, le groupe de travail s'est notamment employé à signer des accords avec les syndicats ou des fédérations professionnelles. Nombre de conventions collectives de branche (métallurgie, restauration, énergie) ou de groupe (les chemins de fer, Philips) ont ainsi inscrit noir sur blanc leurs engagements pour créer des «emplois jeunes», qu'il s'agisse de stages ou d'emplois-formation.

De son côté, le gouvernement a caressé les entreprises dans le sens des allègements fiscaux. Un jeune en stage donne droit à une exonération fiscale de 1 200 euros par mois, voire 1 500 euros si l'employeur fournit une formation avec un diplôme à la clé. En outre, le gouvernement promet aux entreprises engageant des jeunes au parcours difficile de payer toutes leurs heures d'absence éventuelle. McDonald's Nederland va ainsi créer mille emplois-formation cette année.

Pédagogie innovante

Impliqué dans le programme européen Equal, Philips a, lui, dépensé 250 000 euros à la mise en place d'une pédagogie innovante à l'attention des jeunes réfractaires à tout apprentissage. « La difficulté est de trouver une approche pour qu'ils apprennent sans s'en rendre compte », explique Frank Visser, responsable de ce projet chez Philips (à noter que le géant de l'électronique crée, par ailleurs, 50 emplois- formation par an).

Parmi les actions spécifiques menées par les entreprises bataves, celle de Siemens Nederland, à l'origine du programme «Adoptez un CV», destiné aux jeunes étrangers hautement qualifiés mais laissés pour compte. Pour sa part, après avoir prévu de dégager un millier de stages sur l'année 2006 à l'attention des sans-diplôme, la compagnie d'assurances Achmea cherche à aller plus loin. Son projet est d'impliquer tout l'entourage de la jeune recrue dans la dynamique du travail par le biais d'un canal télévisé local ou d'Internet. « L'objectif est de stimuler les jeunes à aider d'autres jeunes en situation précaire », indique Martin Mes, un des responsables du projet.

Première expérience et diplôme à la clé

L'une des dernières actions d'éclat est celle du secteur de la distribution, destinée à venir en aide aux jeunes ayant quitté prématurément l'école. « L'objectif est, qu'en deux ans, ils acquièrent non seulement une première expérience mais aussi un diplôme », indique Jules van Well, de la fédération CBL, précisant que 50 000 jeunes affluent chaque année dans les supermarchés pour effectuer leur premier emploi. Preuve de l'engagement des distributeurs, un emploi jeune devra être créé dans chaque supermarché néerlandais avant fin 2007. De son côté, ne baissant pas la garde, le gouvernement a réservé une enveloppe de 95 millions d'euros sur les prochains mois pour continuer sa lutte contre le chômage des jeunes.

pays-bas

> Taux de chômage des jeunes : 12,2%.

> Principales mesures : allègements fiscaux, prise en charge par l'Etat des heures de formation.

Auteur

  • Didier Burg, à Amsterdam