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Enquête

Un quart des CE sont consommateurs d'expertise

Enquête | ENTRETIEN AVEC | publié le : 15.11.2005 | C. L.

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Un quart des CE sont consommateurs d'expertise

Crédit photo C. L.

E & C : Quelle est la réalité de l'expertise comptable auprès des comités d'entreprise ?

C. D. : On observe incontestablement leur développement. Selon la seule enquête exhaustive réalisée sur le sujet par l'Ires pour le ministère du Travail, en 1998, environ un quart des CE y font appel. En revanche, on ne sait pas trop localiser l'intervention de ces experts au sein de ces CE. Toutefois, une chose est sûre : il y a une multi-intervention dans un même CE.

E & C : Quelles sont les différentes approches que vous observez à l'égard de l'expert ?

C. D. : Tout d'abord, il y a les groupes militants les plus aguerris, sachant utiliser l'ensemble des moyens mis à leur disposition. Ils ont ritualisé, parfois depuis plusieurs décennies, l'intervention annuelle de l'expert-comptable. Celui-ci fait, en effet, partie du paysage global du CE. Avec eux, l'expertise joue un rôle symbolique ; elle manifeste la crédibilité des représentants. L'expert neutralise, en effet, le supplément de légitimité accordé à la direction dans le domaine économique et ce, même si les élus restent réticents à s'engager sur la stratégie économique de l'entreprise. La performance de l'expert face à l'employeur, lors de la remise du rapport, met en scène cette promotion symbolique ; elle a souvent plus d'importance que le dialogue et la confrontation directe entre élus et représentants de la direction. Les élus «sentent» cette utilité, sans être capables de l'expliciter. Les groupes militants les plus puissants pratiquent un usage expert de l'expertise.

A l'autre bout du spectre des pratiques, l'appel à l'expert s'insère dans un processus de rupture de la vie des CE. Ces derniers ne sont pas nécessairement récents, mais ils ont exercé, jusqu'alors, leur rôle avec prudence. Les groupes d'élus y sont peu sûrs d'eux-mêmes et entretiennent peu de liens avec l'extérieur. Pour eux, la décision de procéder à «l'exercice de leurs droits» suppose moins de prendre conscience qu'ils disposent de ce droit que d'accepter de manifester une distanciation vis-à-vis de l'employeur et de leurs collègues.

L'appel à l'expert symbolise la rupture d'un pacte de confiance antérieur implicite, partagé même s'il est subi. Cela permet de comprendre pourquoi, souvent, ces équipes d'élus attendent le dernier moment pour appeler l'expert. Il faut que l'employeur ait manifesté le premier sa prise de distance à l'égard de la communauté externe dont il se réclamait le défenseur.

Auteur

  • C. L.