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Les Pratiques

Solidarnosc crée ses bureaux de placement

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 26.04.2005 | François Gault, envoyé spécial à Gdansk

En Pologne, Solidarnosc innove pour l'emploi. Face à la mauvaise organisation, à la rigidité et à la lourdeur des Bureaux du travail (l'ANPE polonaise), le syndicat ouvre, à Gdansk, ses propres bureaux de placement, plus opérationnels.

Des chiffres records : 20 % de chômeurs dans toute la Pologne, 12 % à Gdansk, 35 % à 40 % dans certaines communes. Des allocations de chômage très faibles : en moyenne, 100 euros par mois pendant six mois. En 1990, les Chantiers navals de Gdansk, où naquit «Solidarité» (Solidarnosc) en 1980, employaient 80 000 salariés. Quinze ans plus tard, ils ne sont plus que 30 000.

Montée rapide du chômage

« Dès 1990, nous avons pressenti qu'il faudrait restructurer, privatiser, licencier !, explique Bogdan Olszewski, un des responsables du syndicat Solidarité de Gdansk. Le chômage est monté en flèche. Certes, c'était le problème des pouvoirs publics, mais c'était aussi notre problème de syndicalistes. » D'où le principe de ces bureaux de placement du syndicat : ne pas attendre que les licenciements soient décidés. Mais tout faire pour les prévenir. « Nous préparons le terrain ! », ajoute Bogdan Olszewski.

Dès qu'un «signal» intervient, une compression de personnel programmée, par exemple, et avant que les licenciements ne deviennent effectifs, le syndicat discute avec l'employeur du reclassement des futurs licenciés. Il débat sur la possibilité d'éviter les licenciements, sur la mise en place d'un plan de formation, sur un déplacement possible vers une autre entreprise pour ceux qui vont perdre leur emploi : une sorte de plan de sauvegarde de l'emploi à la polonaise. Et si tout cela se révèle inutile, alors, on négocie au cas par cas...

A Gdansk, Solidarité a ainsi ouvert son bureau de placement en contact étroit et permanent avec les PME, le meilleur terreau pour la création d'emplois. Le patron d'une PME, qui sous-traite pour les Chantiers navals, constate : « Avec ce système, nous savons que les candidats à l'embauche présentés par Solidarité sont une garantie de qualité et d'efficacité dans le travail. Et si cela ne va pas, le syndicat présente d'autres candidats. »

Autonomie financière

Au début, l'Union européenne et le ministère du Travail des Etats-Unis ont apporté leur aide financière. Aujourd'hui, le système marche tout seul. « A Gdansk et dans sa région, ajoute Bogdan Olszewski, nous plaçons de 800 à 1 000 chômeurs par mois ! Beaucoup de jeunes viennent nous voir. Deux permanents, payés sur les cotisations syndicales, font fonctionner le bureau. Les bénéficiaires du réseau sont les membres du syndicat et les jeunes qui terminent leurs études . »

D'autres régions imitent l'expérience. A Gdansk, Solidarité continue d'innover : le syndicat va ouvrir un club du travail, où pourront se rencontrer en permanence chômeurs, salariés, employeurs et syndicalistes.

Auteur

  • François Gault, envoyé spécial à Gdansk