Avec 63 % de femmes parmi ses salariés, la Macif n'en compte pourtant que 30 % chez ses cadres, et 5 % parmi ses dirigeants. Face à cette situation, la mutuelle a décidé de se pencher sur les freins à la progression de carrière des femmes. Ce travail s'inscrit dans une démarche de longue haleine : cinq séminaires non mixtes (quatre rassemblant uniquement des femmes et un des hommes) ont été organisés début 2003. « Ces séances ont vraiment permis de libérer la parole. C'était la première fois qu'on demandait à de nombreuses femmes de s'exprimer sur leur vécu professionnel », raconte Salima Raïri, consultante chez Entreprise et Personnel, qui accompagne l'entreprise. Ces séminaires ont mis au jour des freins familiaux, mais aussi psychologiques ou liés à l'entreprise.

Pour y remédier, un programme visant à faciliter l'accès des femmes aux postes à responsabilités est en cours. Première étape, la réalisation de formations en direction des recruteurs ou des gestionnaires de carrière. Les séances, animées par Entreprise et Personnel, commenceront en mai dans certaines régions. « Une première partie de la journée devrait permettre de révéler les stéréotypes qui règnent sur chacun des sexes dans le travail », explique Salima Raïri. Elle sera suivie d'un travail d'analyse du processus de recrutement, de l'annonce à l'entretien. Son but : pointer, par exemple, les formulations qui, implicitement, permettent d'écarter les femmes. « Lorsqu'une annonce précise « poste mobile», cela provoque le plus souvent une autocensure de la part des femmes », relève la consultante. Les attitudes différenciées des deux sexes sont aussi mises en valeur. « Les femmes vont souvent, à l'occasion d'un entretien d'embauche, parler spontanément de leurs défauts. Chose que fera rarement un homme », note Anne Le Saux, conseillère auprès du directeur général de la Macif.

Cette journée de déconstruction des stéréotypes et d'analyse du processus de recrutement devrait être suivie, quelques mois plus tard, d'une «piqûre de rappel» afin de suivre l'évolution des pratiques. Parallèlement à cet effort en direction des gestionnaires de carrière, des stages d'affirmation de soi vont être proposés au cours des prochains mois. Destinés prioritairement aux femmes, ils pourront aussi être suivis par des hommes. « Les femmes peinent à s'estimer elles-mêmes, ces stages devraient les y aider et leur permettre de gagner en confiance », explique Anne Le Saux. La même logique volontariste prévaut dans l'offre de coaching, qui accompagne l'entrée dans un poste d'encadrement ou une promotion. Reste à savoir si « desserrer les freins psychologiques » sera suffisant pour rééquilibrer la place des femmes dans l'entreprise...