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Les Pratiques

Concilier les temps de vie reste un exercice difficile

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 26.04.2005 | Nathalie Tran

Le programme Equilibre touche à sa fin. Les actions expérimentées depuis trois ans pour améliorer les conditions de vie dans l'hôtellerie-restauration sont encore modestes, mais vont se poursuivre et, peut-être, profiter aux salariés d'autres secteurs.

Horaires décalés, rythme de travail soutenu, difficultés à se loger, problèmes de transport et de garde d'enfants... Pas facile, pour les salariés de l'hôtellerie et de la restauration, de trouver un équilibre entre leur activité professionnelle et leur vie privée. Une préoccupation au coeur des réflexions du secteur, qui a du mal à recruter : chaque année, 60 000 postes restent vacants.

Identifier les motivations

« Les professionnels sont conscients de la nécessité de prendre en compte les nouvelles attentes des salariés et la façon dont ils vont pouvoir articuler leur vie personnelle. C'est la raison pour laquelle nous avons lancé ce projet », explique Dominique Ottinger, du groupe Ibis, chef pilote du projet Equilibre. Un plan d'action qui a démarré en avril 2002, qui s'est déroulé sur trois ans, regroupant, autour du réseau hôtelier, des partenaires tels que la chaîne de restaurants Courtepaille, le Greta tourisme-hôtellerie des Alpes-Maritimes et du Var, le Centre national d'information sur les droits des femmes et des familles (Cnidff) et Bien-être à la carte (Accor services).

Une enquête, menée auprès de 210 salariés, a été le point de départ de l'expérimentation. L'objectif était, à la fois, d'identifier les motivations qui les poussent à travailler dans ce secteur, et de déceler les freins liés aux difficultés d'articulation des temps de vie. Des opérations pilotes ont été imaginées dans cinq bassins d'emploi, représentatifs de l'hôtellerie-restauration, avec le soutien des partenaires locaux. Différents plans d'action ont vu le jour, selon les villes.

Faciliter l'accès aux informations

A Strasbourg, par exemple, un guide, destiné à faciliter l'intégration des nouveaux salariés, a été distribué à 25 000 exemplaires. Au sommaire : modalités administratives, aide juridique et professionnelle, logement, déplacements, garde d'enfants, loisirs... « Les sources d'information existaient, mais elles étaient éparses. La réalisation de ce guide nous a permis, par ailleurs, de collaborer avec de nouveaux partenaires comme l'ANPE », précise Dominique Ottinger.

Autre initiative à Sophia-Antipolis, près de Nice : la technopole draine, chaque jour, plusieurs milliers de salariés du secteur, dont plus de 100 permanents, et presque autant de saisonniers. Pourtant, les logements de proximité, peu nombreux, restent extrêmement chers, et l'accès à la Silicon Valley méridionale est difficile sans voiture. Là encore, le travail a consisté en l'élaboration d'un guide répertoriant, notamment, l'ensemble des arrêts de bus proches des hôtels. Un « gros travail d'information », selon Dominique Ottinger.

Pendant un an, les salariés travaillant sur Sophia-Antipolis vont également bénéficier gratuitement de cartes de transport. Un moyen, pour eux, de tester les bus desservant la technopole. « Nous attendons un retour d'information pour pouvoir, avec la Communauté d'agglomérations de Sophia-Antipolis, améliorer le réseau, peu adapté aux contraintes de la profession », explique la chef de projet. Seule ombre au tableau : aucune solution n'a aujourd'hui été trouvée en matière de logement. Et celle envisagée, comme la construction d'habitations louées à l'année par les hôteliers pour loger leur personnel saisonnier, s'est révélée un échec. Les employeurs ont refusé d'investir pour des embauches ponctuelles.

Enfin, sur Paris et l'Ile-de-France, deux restaurants Courtepaille et deux hôtels Ibis ont expérimenté une planification des horaires autogérée par les salariés. Le but : permettre au personnel de répondre aux besoins des employeurs en intégrant leurs propres contraintes. Un projet ambitieux et un résultat mitigé, selon les organisateurs. D'abord, parce que si aucune solution n'est trouvée avant une date prédéterminée, l'employeur reprend la main sur le processus de planification, puis, parce que ce système est inapproprié durant les mois d'été, où travaille un surcroît de personnel.

Des solutions à pérenniser

Si l'heure du bilan a sonné, et bien que le financement du fonds européen prenne fin, les partenaires sont déterminés à poursuivre les initiatives. L'idée étant de « pérenniser les solutions qui ont été imaginées, d'en faire profiter le plus grand nombre, de donner envie à d'autres de s'en inspirer... comme pour le BTP, qui présente des problématiques similaires », ambitionne Patricia Hegymegi-Kiss, responsable de la communication projet Equilibre chez Bien-être à la carte.

Equilibre, un projet Equal

Equilibre est un projet expérimental du programme d'initiative communautaire Equal, financé par le Fonds social européen. Comme tout projet retenu dans le cadre d'Equal, il doit résoudre un problème de discrimination dans le travail, précis et identifié. La transnationalité est un élément clé.

Equilibre s'est associé à deux partenaires européens : un projet suédois engagé pour un meilleur équilibre hommes-femmes dans la police, l'armée et les hôpitaux, et un programme espagnol, qui a expérimenté un système de garde d'enfants pour les salariés de l'agroalimentaire.

Equal est géré en France par le ministère de l'Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale.

Auteur

  • Nathalie Tran