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Enquête

L'âge, motif de harcèlement pour 50 % des seniors

Enquête | publié le : 26.04.2005 | G. L. N.

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L'âge, motif de harcèlement pour 50 % des seniors

Crédit photo G. L. N.

La moitié des salariés âgés ont le sentiment d'un harcèlement à l'égard des seniors au travail. Néanmoins, plus du tiers d'entre eux n'envisagent la retraite qu'après 60 ans, et 36 % ne voudraient pas d'une préretraite, selon une enquête exclusive auprès d'un millier de salariés âgés de 50 à 60 ans.

La pression psychologique à laquelle sont soumis certains salariés seniors sur leur lieu de travail semble indéniable. La moitié des salariés interrogés ont le sentiment qu'eux-mêmes ou des personnes de leur entreprise ont été, ou sont, victimes de harcèlement moral en raison de leur âge. C'est l'enseignement majeur, et préoccupant, de notre enquête auprès de 1 130 salariés de 50 ans et plus.

Management brutal

Qu'il s'agisse précisément de harcèlement exercé par perversité, au sens où l'entendrait la psychiatre Marie-France Hirigoyen, à l'origine du terme, ou plutôt de management brutal ou irrespectueux, il paraît clair que, dans de nombreux cas, des salariés seniors sont maltraités psychologiquement au sein de leur entreprise. Un chiffre très élevé, d'autant que les salariés interrogés avaient la possibilité de ne pas se prononcer (NSP : 17 %). Au total, un tiers d'entre eux seulement ont assuré avoir le sentiment que ces pratiques n'existaient pas dans leur entreprise.

Poussés vers la porte

Doit-on affirmer que, dans beaucoup de sociétés, les salariés seniors sont systématiquement victimes d'un management défaillant ou, pire, poussés insidieusement vers la porte par des méthodes utilisant la pression psychologique ? Ces réponses viennent en tout cas à l'appui d'un certain nombre de témoignages de quinquagénaires sur leurs conditions de travail, que nous avons recueillis par ailleurs (lire p. 16). L'ensemble peut difficilement se réduire à des cas d'espèce.

S'agit-il d'évincer certains seniors, tout en continuant de manager les autres ? Le tableau dressé par nos seniors sur leur capacité à accéder à différents dispositifs managériaux est un peu plus nuancé. Depuis trois ans, 30 % d'entre eux déclarent avoir bénéficié d'une formation, plus d'un tiers, d'une augmentation individuelle, et 1 sur 5, d'une mobilité (promotion et changement de poste, affectation sur un nouveau projet). Ce qui ne reflète pas tout à fait le plafonnement de la rémunération et l'arrêt des mobilités professionnelles, souvent décrits ailleurs. Et ce, d'autant plus que près des deux tiers de notre échantillon a entre 55 et 60 ans.

Malgré tout, quand on demande à ceux qui ont évolué de détailler les conditions de leur mobilité, deux cas reviennent fréquemment : une affectation sur un projet, mais aussi l'élargissement des responsabilités ou de la charge de travail sans augmentation de salaire.

Le niveau d'accès à la formation, pour notre panel, est moins surprenant et correspond à la courbe en cloche bien connue, déclinant rapidement après 50 ans. Toutes populations confondues, la moyenne s'élève à 30 % de salariés formés par an dans les entreprises en France. Les seniors interrogés sont donc bien en deçà (avec 30 % sur trois ans). Là encore, il faut néanmoins considérer l'âge moyen de notre panel, supérieur à 55 ans.

Situation nuancée

Globalement, les conditions de travail paraissent satisfaisantes (22,5 %) ou assez satisfaisantes (25 %) à près de la moitié des salariés de notre échantillon, et assez difficiles (29 %) ou difficiles (23 %) à un peu plus de l'autre moitié. Là encore, une situation nuancée, dont il sera intéressant de mesurer l'évolution dans les prochains baromètres. Car une partie du choix de départ en retraite des seniors dépend du sens qu'ils trouvent à leur travail, de la rétribution - y compris non financière - que leur entreprise leur accorde et du rôle qu'elle leur fait jouer.

Une large majorité des salariés de 50 ans et plus ont la volonté de rester dans l'entreprise au-delà de 58 ans (65 %). Sur ce point, et du côté des salariés, en tout cas, l'état d'esprit n'est pas resté figé sur les modèles existants pour le choix du maintien dans l'emploi ou de la retraite. Car, pour l'heure, l'âge moyen de sortie du marché de l'emploi en France n'est, justement, que de 58 ans.

Travailler après 62 ans

Malgré l'allongement de la durée minimale de cotisation pour toucher une retraite complète, introduite par la réforme Fillon, l'âge légal de la retraite n'a pas changé. Pourtant, le repère des 60 ans devient plus flou : 35 % des salariés seniors que nous avons interrogés ont l'intention de rester dans leur entreprise après cet âge, dont 15 % poursuivraient même après 62 ans.

Effets de la pédagogie gouvernementale sur les retraites ? Prise en compte personnelle de l'allongement de la durée de la vie, et santé mieux préservée que pour les générations précédentes ? Les choix de nos seniors ne semblent pas liés uniquement à une nouvelle lucidité en matière de financement de leur retraite. Car s'ils pouvaient bénéficier d'une préretraite, moins de la moitié en saisiraient l'opportunité. Alors que 36 % refuseraient cette possibilité de départ anticipé et que 17 % n'ont pas d'avis tranché sur le sujet.

Enquête réalisée en ligne, du 17 mars au 11 avril 2005, sur le site NotreTemps.com, auprès de 1 130 salariés de plus de 50 ans.

Taux de réponses : 38 % ont de 50 à 55 ans et 62 % plus de 55 ans.

Entreprises de tous secteurs : moins de 100 salariés : 32 % ; de 100 à 500 salariés : 24 % ; de 500 à 1 000 salariés : 10 % ; plus de 1 000 salariés : 34 %.

Auteur

  • G. L. N.