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Des pistes, mais peu d'actions concrètes

SANS | publié le : 28.10.2003 |

Pas d'annonce spectaculaire lors de la dernière table ronde de l'emploi. D'ici à la fin de l'année, François Fillon préfère boucler la loi sur la formation professionnelle et celle sur la réforme du dialogue social.

En mars dernier, la Conférence pour l'emploi, organisée par François Fillon et les partenaires sociaux, avait permis de débloquer 300 millions d'euros pour relancer les emplois aidés. Cette fois, la table ronde du 21 octobre n'a donné que des pistes de réflexion. Pourtant, entre ces deux dates, la situation économique ne s'est pas franchement améliorée. Les experts prédisent un taux de chômage de 10 % pour la fin de l'année, 180 000 personnes se verront privées d'allocations chômage en janvier 2004 et les conditions d'attribution de l'allocation de solidarité spécifique (ASS), versée par l'Etat aux chômeurs en fin de droit, seront plus restrictives. Mais le ministre des Affaires sociales attend de boucler ses deux dernières réformes de l'année, la formation professionnelle et le dialogue social, pour passer à d'autres projets.

Réforme de l'ANPE

La réforme de l'ANPE visant une plus grande "fluidité" du marché du travail est, ainsi, reportée à 2004. Le temps aussi pour Jean Marimbert, ancien directeur des relations du travail au ministère de l'Emploi, et ancien directeur de l'ANPE, de rendre ses premières conclusions. L'ouverture du marché de l'emploi à de nouveaux acteurs suscite des convoitises. Si l'Unedic a confié, le mois dernier, au cabinet néerlandais Mattwerk, le reclassement de 150 chômeurs longue durée, d'autres acteurs, comme Adecco, pourraient se porter candidats. « Nous réalisons, actuellement, 30 000 ECCP (évaluations des compétences et des capacités professionnelles) dans le cadre du Pare (plan de retour à emploi), indique Gilles Guinnez, directeur général d'Adecco France. Nous sommes le premier prestataire de l'ANPE. » Et l'agence peut faire mieux. Adecco participe activement, déjà, au reclassement des chômeurs allemands et s'apprête à le faire en Italie. Preuve que l'idée fait aussi son chemin en Europe.

Implication des régions

En attendant, la seule avancée concrète concerne l'accompagnement des salariés licenciés : la Mission interministérielle sur les mutations économiques (Mime), décidée en janvier 2003, vient d'être officialisée par décret. Pilotée par Jean-Pierre Aubert, délégué interministériel aux restructurations de la défense, la mission reprend les grandes lignes de l'action de Claude Viet, son prédécesseur. Elle est chargée de mettre en cohérence les actions des services de l'Etat pour accompagner les mutations économiques. Et ce, à deux niveaux, national et régional. François Fillon a, de fait, réitéré son souhait de voir les régions davantage impliquées dans les restructurations. Une façon de se positionner sur la même ligne que le Premier ministre, qui milite pour un « droit au reclassement régional ». Si le contenu de ce projet reste encore flou, un premier pas a été franchi : « Chaque préfet doit mettre en place un système de coordination, a indiqué Jean-Pierre Aubert, lors d'une conférence de Développement et Emploi, le 22 octobre dernier. Il nommera un correspondant qui sera chargé de créer un réseau d'acteurs locaux. L'Etat mettra à sa disposition des outils, un observatoire des mutations économiques qui devrait voir rapidement le jour au niveau national, mais aussi dans chaque région. » L'idée ? « La Mime ne réussira que si elle est capable de travailler avec tout le monde. » Visiblement, les ministres cherchent à montrer l'exemple : Jean-Pierre Aubert les convient, désormais, tous les vendredis, à une réunion. Un premier pas.

Des partenaires sociaux déçus

Pour Maryse Dumas, de la CGT : « Il est vraiment dommage que tant de monde ait été réuni pour finalement déboucher sur si peu de mesures concrètes. » Michel Jalmain (CFDT) souligne, quant à lui, qu'il « va falloir aller bien au-delà d'une simple table ronde ». De l'avis de Jean-Claude Quentin (FO), « le ministre a fait quelques annonces bien timides par rapport à ce que nous allons vivre au cours des dix prochaines années ». Jacky Dintinger (CFTC) reconnaît, toutefois, que « la volonté de mettre tout le monde autour de la table est louable ». Seul le Medef apprécie : « On peut saluer le fait qu'il n'y ait personne pour dire : on va faire une loi et cela va créer de l'emploi. C'est déjà un progrès.