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Les expérimentations Péry buttent sur les habitudes

SANS | publié le : 26.02.2002 |

17 expérimentations visant à améliorer l'accès à la formation professionnelle ont été lancées par Nicole Péry, secrétaire d'Etat à la Formation continue. Leur bilan, dressé le 14 février, montre que les blocages restent forts.

Expérimenter avant de réformer. Nicole Péry, nommée secrétaire d'Etat à la Formation continue en 1999, a lancé des expérimentations en régions sur l'amélioration de l'accès à la formation pour divers publics en difficulté. Dix-sept protocoles d'expérimentations ont été signés avant juin 2001 : majoritairement en régions et une interrégionale. Un bilan de ces opérations a été présenté le 14 février par les cabinets Intermède et Quat'Alyse.

Ces expérimentations avaient 5 axes prioritaires : mettre en réseau les structures d'information, organiser une mobilisation croisée des fonds, mettre en cohérence les systèmes de certification et de validation des acquis, développer les NTIC, notamment pour les TPE, et définir des parcours de professionnalisation plus cohérents pour les jeunes au niveau des régions.

Toutes les expérimentations ont tenté de décloisonner les systèmes d'accès à la formation : premier accès et accueil généraliste et banalisé, parcours personnalisé... Mais elles butent toutes sur des tabous : rupture entre formation initiale et formation continue, organismes d'information ne se sentant pas concernés par les informations données par d'autres, manque de complémentarité entre les différentes voies de formation, aucun travail avec l'enseignement supérieur...

La majorité des expérimentations ont tenté de mettre en commun des compétences entre divers organismes et institutions : maisons communes, mise en réseau, personnes "interfaces" entre différents services, milieux professionnels, organismes de formation... Mais la question du positionnement institutionnel et professionnel de ces « mises en commun » est peu posée, ce qui entraîne des problèmes sur la manière de structurer ces services de premier accès et d'accueil.

Le rôle des NTIC est partout considéré comme "incontournable" : sites, portails, meilleure connaissance des personnes, mise en réseau des professionnels, accès aux connaissances... Mais l'accord sur l'outil masque de profondes divergences sur les objectifs. Le recours aux NTIC constitue parfois une réponse en soi, qui dispense d'une réflexion plus approfondie sur la notion même d'accès et d'information du public.

La professionnalisation et l'outillage méthodologique des intervenants sont partout renforcés... Mais on observe une faible remise en cause du caractère inducteur des modalités de financement et d'évaluation des prestations et des organismes. La stagification de la formation est déplorée, mais faute de conduire une profonde réflexion sur la manière d'induire de l'individualisation dans un dispositif de masse, les acteurs de ces expérimentations éprouvent des difficultés pour aller au- delà du constat. La seule professionnalisation renforcée des intervenants ne modifie donc pas le quotidien.

La notion de "territoire" est partout mise en avant : proximité, premier accueil, qualité de l'administration... Mais la question de l'articulation des différents niveaux de "territoire" (local, national, européen...) n'est pas suffisamment traitée. Surtout dans le champ de la certification et de la validation.

Les liens ne sont pas suffisants avec ce que proposent et capitalisent depuis plusieurs années les programmes européens. « Cela pointe la difficulté récurrente de l'organisation en France, juge le rapport : la difficulté pour l'échelon supérieur à entendre l'échelon inférieur. »

Les "démarches projet" et la "contractualisation" sont les modes d'innovation et de pérennisation retenus par toutes les expérimentations : mobilisation de toutes les énergies et de tous les partenaires... Mais, partout, le rapport constate une faible implication des partenaires sociaux (présence formelle dans les Coref), et un défaut de désignation d'un pilotage clair. « Qui de l'Etat ou de la Région est en charge de la mobilisation et de l'animation du niveau infradépartemental, y compris sur les partenaires sociaux, sur les questions de formation professionnelle ? », interrogent les rapporteurs. La question est loin d'être tranchée.

Leviers d'actions

Quelles seraient les actions possibles pour mettre la formation professionnelle sur la voie de la réforme ?

Selon Françoise Coutellier, du cabinet Intermède qui a participé au bilan des expérimentations, un certain nom- bre de leviers seraient utilisables pour améliorer la situation : territorialisation accrue et véritable déconcentration, montages financiers alliant fonds publics et fonds sociaux, refonte des modalités de financement et d'évaluation de l'activité de formation, remise à plat des "sous-entendus" des différents systèmes de certification, vision plus globale de la formation englobant la formation initiale...

Et le rapport de conclure à la nécessité d'une « démarche continuée de réforme de la formation professionnelle ». « Il reste encore beaucoup de travail », a affirmé Françoise Coutellier en fin de présentation de son rapport. Personne n'a songé à la contredire.