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États-unis : À New York, Greyston embauche sans CV

Sur le terrain | International | publié le : 02.05.2017 | Caroline Crosdale

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États-unis : À New York, Greyston embauche sans CV

Crédit photo Caroline Crosdale

La pâtisserie industrielle, installée près de New York offre une seconde chance aux plus défavorisés, anciens taulards, ex-drogués, candidats parlant mal l’anglais… C’est une benefit Corporation, ou B Corp, statut reconnu par une poignée d’États américains.

Dion, 40 ans, a grandi dans la banlieue pauvre de Yonkers, aux portes de New York. « À 14 ans, dit-il, je vendais de la drogue. Et je faisais de courts séjours en prison jusqu’à ce que je sois condamné à quatre ans, relate l’ancien dealer noir, aux traits marqués. Cela m’a fait réfléchir, j’ai décidé de trouver un vrai emploi à ma sortie de prison. » Mais aucune entreprise ne voulait de lui. Personne ne retournait ses coups de fil… à l’exception de Greyston Bakery, une pâtisserie industrielle de Yonkers, le long du fleuve Hudson dont les effluves de chocolat parfument le quartier. Greyston pratique depuis sa création en 1982, une politique d’embauche ouverte. Les candidats intéressés viennent s’inscrire sur la liste d’attente de l’entreprise. Et dès qu’un poste, parmi ceux des 80 boulangers, se libère, on appelle le premier de la liste. La direction ne pose pas de question. Elle ne veut pas voir de CV, elle n’enquête pas sur les antécédents du candidat. Elle demande juste que l’intéressé suive six à dix mois d’apprentissage pour maîtriser les bases du métier. C’est ainsi que Dion s’est vu offrir « une seconde chance ». Et avec lui, un certain nombre d’anciens taulards, ex-drogués, immigrants parlant mal l’anglais ou encore des jeunes au bagage scolaire minimal.

La politique d’embauche de Greyston Bakery est bien sûr rarissime aux États-Unis. Elle doit beaucoup au militantisme de son fondateur, Bernard Glassman, un moine bouddhiste, ancien ingénieur aéronautique… parti depuis créer l’organisation internationale Zen Peacemakers. Il avait ouvert un monastère dans le Bronx dans le but de méditer et d’étudier le bouddhisme. Pour aider au financement du lieu, il avait créé un café, où l’on vendait de délicieux gâteaux. Puis, il a voulu en faire plus et donner un emploi aux « damnés de la terre ». D’où son emprunt de 300 000 dollars et la création dans le quartier voisin de Yonkers d’une pâtisserie industrielle. Le mantra de la compagnie, écrit sur fond rouge est de « cuisiner plus que des brownies », pour « sortir les gens de la pauvreté ».

Objectif est louable, mais difficile à atteindre. Pendant la période de formation, 60 % des apprentis quittent le navire. D’autres n’arrivent pas à l’heure, se disputent avec les collègues, renâclent devant la modestie de la paie : 9,50 dollars de l’heure, au début. Pour ceux, qui réussissent cependant à s’adapter, le travail à la boulangerie ouvre souvent sur une nouvelle vie.

Capitalisme conscient

Greyston n’a pas toujours gagné de l’argent. Les dirigeants qui se sont succédés à la tête de l’entreprise ont dû perfectionner l’outil de travail, réduire les déchets, trouver des commandes – par exemple auprès du glacier Ben & Jerry’s, qui utilise les éclats de cookies dans ses produits, des supermarchés WholeFoods et de la compagnie Delta Airlines, tous sensibles au message de l’actuel patron, Mike Brady. Cet avocat du capitalisme conscient sait vanter les vertus de la politique de recrutement. « J’investis dans la formation des employés plutôt que de dépenser dans la vérification du CV », déclare-t-il.

Priorités sociales et écologiques

L’entreprise réalise aujourd’hui un chiffre d’affaires annuel de 15,8 millions de dollars. Et réinvestit ses gains dans l’usine et la communauté. Depuis 2012, Greyston est en effet une Benefit Corporation. Un statut reconnu par une poignée d’États, qui inscrit dans son statut des priorités sociales et écologiques au détriment de l’intérêt financier des actionnaires. Patagonia et Ben & Jerry’s sont d’autres B Corp.

La pâtisserie soutient aussi les activités de la fondation Greyston. Un centre de formation pour les jeunes de 18 à 24 ans a été ouvert en 2010. On y enseigne les basiques, écriture de CV, présentation… et les métiers de cuisiniers, agents de sécurité, concierge. La fondation finance de même une garderie pour enfants et gère 10 jardins ouvriers. Autre devise de Greyston : « On n’embauche pas les gens pour cuire des brownies, on cuit des brownies pour embaucher. »

Dans les médias

WALL STREET JOURNAL. Un nouveau ministre du Travail

Alexander Acosta est le nouveau ministre du Travail du gouvernement de Donald Trump. Il devrait être confirmé par le Congrès, tous les élus Républicains, majoritaires au Sénat, ayant promis de voter pour lui. Le président avait d’abord choisi un patron de la fast-food, Andy Puzder, mais ce dernier voyant s’accumuler les conflits d’intérêts, a préféré se retirer. Alexander Acosta, doyen de la faculté de droit de la Florida International University est le premier latino du gouvernement Trump. Il a été membre de l’agence National Labor Relations Board.

26 avril 2017, Wall Street Journal, le quotidien économique.

WORFORCE MANAGEMENT. Le top 100 des meilleures ressources humaines

Le magazine Workforce Management vient de publier son palmarès des 100 meilleures entreprises en ressources humaines. Vingt-cinq nouvelles compagnies font leur entrée dans le top 100.

26 avril 2017. Worforce Management, mensuel spécialisé dans les ressources humaines.

Auteur

  • Caroline Crosdale