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Sur le terrain

Innovation managériale : Un comité jeunes pour faire bouger la Macif

Sur le terrain | publié le : 07.03.2017 | Catherine Sanson-Stern

La Macif cherche à retrouver l’agilité et le caractère innovant de ses débuts, en 1960. Pour l’y aider, elle a invité vingt salariés de moins de 35 ans à constituer un comité jeunes qui challengera son comité de direction.

Assureur mutualiste de 10 000 salariés, la Macif a mis en place, en octobre 2016, un comité jeunes pour stimuler sa transformation. Composé de dix femmes et dix hommes âgés de 25 à 34 ans, il se réunira quatre fois par an, juste avant le comité de direction du groupe, afin « d’enrichir les réflexions par un regard nouveau et de conduire plus efficacement les projets de transformation du plan stratégique Macifutur ».

Le plan 2016-2020 compte sept chantiers – dont la transformation digitale, la transformation managériale et l’expérience client – sur lesquels ces jeunes salariés seront invités à plancher pendant deux ans. « Nous attendons que ces jeunes nous posent les questions que nous ne nous poserions pas parce que, à plus de 45 ans, nous avons peut-être une vision un peu convenue de l’assurance et du management, confie Philippe Ricard, secrétaire général du groupe Macif. Ce comité nous permettra de renouer avec l’esprit pionnier qui a fait notre réussite à l’origine. »

Un exemple d’innovation managériale et de culture du changement que la direction générale et celle des ressources humaines souhaitent essaimer au sein du groupe, alors qu’un grand chantier RH est en cours sur la performance managériale. « Ce comité donne la parole à des salariés qui ne l’avaient pas forcément, et cela, sur le mode collaboratif, en s’appuyant sur une approche bottom-up », explique le sexagénaire.

Changement de posture

Les voix de chaque membre se valent, indépendamment de leur fonction, de leur niveau hiérarchique ou de leur entité. « On ne sent pas de distinction entre le téléconseiller et le chef de projet, confirme Sandra Labbé, 29 ans. L’alchimie a tout de suite fonctionné. » Cette téléconseillère au Macitel (plate-forme téléphonique) de Ris-Orangis a été repérée pour « son engagement dans un mouvement visant à changer la posture managériale », chaque direction ayant été invitée à suggérer trois ou quatre noms. « J’aime participer aux réunions sur les axes d’amélioration de la vie sur le plateau, la QVT ou l’élaboration des nouveaux plannings, raconte-t-elle. Ce n’est pas que du consultatif : quand on émet une idée, il peut y avoir une mise en place rapide. Cela motive à en faire plus. »

Pour un groupe dont la moyenne d’âge est de 43 ans et demi, faire le choix d’écouter les jeunes permet de rajeunir l’image de la marque employeur. « Quand je suis arrivée à la Macif en 2013, j’avais le sentiment d’avoir intégré un bon groupe, mais avec une gestion à l’ancienne, avoue la jeune femme. Maintenant, je sens qu’il est tourné vers l’avenir, qu’il a envie d’avancer et d’innover. » Un pari réussi donc, alors que la Macif souhaite « renforcer l’adhésion et la confiance de ses jeunes collaborateurs » et faire des membres de son comité jeunes des « ambassadeurs du changement ».

Audacieux et constructifs

« Le comité de direction nous a assuré qu’on était là pour faire bouger les choses et qu’il pouvait tout entendre, témoigne la téléconseillère. On nous a demandé d’être audacieux tout en restant constructif. » Pas si simple : « À la première réunion, les jeunes étaient un peu gênés aux entournures, reconnaît Philippe Ricard. Mais ils se sont rapidement libérés pour dire ce qu’ils pensaient vraiment. C’est aussi un challenge pour nous, managers de direction, de savoir écouter les messages qu’ils font remonter. »

Entre chaque réunion trimestrielle, les membres du comité bénéficient d’un temps libéré pour préparer leurs dossiers, et d’outils collaboratifs pour réfléchir ensemble. Entre le 16 octobre et le 24 janvier, ils ont travaillé en deux groupes sur l’expérience client et le numérique. « Nous leur soumettons des dossiers pour analyse, mais ils peuvent aussi se saisir de sujets qu’ils trouvent opportun d’explorer, souligne Philippe Ricard. À l’issue de cette deuxième réunion, le directeur en charge de l’expérience client leur a confié deux « demandes complémentaires » sur la dynamique commerciale. Au-delà du caractère innovant, nous souhaitons que cette démarche produise des résultats : ce sera la meilleure preuve de son bon fonctionnement ».

Auteur

  • Catherine Sanson-Stern