Un économiste indien au chevet de mondialisation
La critique de la mondialisation n’est pas nouvelle. Mais dans ce livre de l’économiste indien Kaushik Basu, tout juste traduit en France, elle prend une dimension culturelle intéressante, empreinte d’éthique. Cet ancien vice-président de la banque mondiale s’inquiète des graves inégalités qui se creusent entre les salariés des pays riches et ceux des pays pauvres où la protection sociale reste quasi-inexistante, mais aussi du chômage des ouvriers des pays occidentaux frappés par les délocalisations en Asie.
Face à ces risques de tensions, il invite les économistes à réfléchir à de nouvelles alternatives pour mieux répartir les richesses. Son ouvrage n’a rien d’un pamphlet contre le libre-échange ou le profit des entreprises multinationales. Il cherche surtout à démontrer que la libre concurrence ne sert pas l’intérêt commun. Et ne peut pas fonctionner sans intervention des États pour corriger les discriminations subies par les salariés indiens ou chinois, ou ceux travaillant dans des zones internationales.
Néanmoins, Kaushik Basu se montre parfois radical. Il n’hésite pas à parler de « colonisation de l’avenir » de la part des multinationales, (brevets, droit de propriété), estimant que ce phénomène réduira à terme la redistribution, les salaires et le taux d’emploi dans le monde. Parmi ses propositions, il plaide pour la création d’un revenu universel mondial de base pour tous les salariés, financé par les bénéfices mondiaux générés par les entreprises. Un livre ardu mais passionnant.