Un site Internet aide les entreprises et fait connaître leurs progrès en matière de responsabilité sociétale d’entreprise (RSE). Trois fois par an, entreprises, syndicats, écoles et collectivités planchent ensemble sur la façon de la faire progresser.
« À Nantes, la RSE ne s’est pas déployée à partir de l’environnement mais du souci de faire progresser l’emploi », avance André Sobczak, directeur académique, titulaire de la chaire de RSE d’Audencia Business School, école de commerce nantaise, et élu en charge de la RSE et des TPE à Nantes Métropole. La Maison de l’emploi, il y a cinq ans, a demandé aux entreprises de son conseil d’administration comment faire. La RSE a alors émergé comme une voie naturelle. Mais, pour amplifier le mouvement, PME et TPE en particulier se sentaient perdues. « Trop d’initiatives dans tous les sens, trop de discours parfois contradictoires, d’outils de mesure différents. Les entreprises ont demandé aux élus locaux de mettre de l’ordre dans tout cela ! », raconte André Sobczak.
Sous les auspices de Nantes Métropole, les acteurs locaux se sont finalement attelés à une définition locale de l’action de RSE à mener. Car les ingrédients de l’amélioration de l’emploi par la RSE existent partout : dans les syndicats, dans les écoles, à l’université, dans l’économie solidaire et dans les collectivités. Ils forment, avec les entreprises, les cinq collèges de gouvernance de la “plate-forme RSE” locale, qui continue de se développer aujourd’hui, autour de la conviction partagée par les entreprises que la RSE est une vraie réponse à la crise.
Cinq thèmes sont retenus : la prise de décision dans l’entreprise, l’activité économique responsable, la protection de la planète, la qualité de vie au travail et le social, l’implication dans le territoire. Lors de trois réunions par an, pas plus, les acteurs décident ensemble des initiatives à prendre.
La dernière en date est la création d’un logo, symbole de l’engagement vis-à-vis de l’extérieur : RSE-Nantes. L’une des premières fut d’aider les entreprises à répondre aux critères de la commande publique en matière de RSE. Ceux-ci ont alors été redéfinis pour représenter localement 15 % de la note pour remporter un marché.
La plate-forme RSE prend d’abord la forme d’un site Internet des ressources disponibles sur le territoire pour faire progresser la RSE : comment se faire accompagner individuellement ou collectivement, échanger avec d’autres entreprises, réaliser un diagnostic, etc. Un outil d’auto-évaluation est en ligne pour les entreprises débutant dans la démarche. Les réseaux, les associations d’entreprises avancent leurs méthodes et leurs propres outils. Le site fournit également des informations sur les différentes possibilités permettant d’être soutenu financièrement dans sa démarche RSE, notamment via des formules de prêts régionaux ou auprès des banques locales.
La plate-forme présente aussi plus d’une centaine de bonnes pratiques. Entreprises, associations, organismes publics témoignent et “postent” sur le site des vidéos d’une minute reprises à la télévision locale. Et ils expliquent à chaque fois l’intention initiale, la mise en œuvre, les moyens, les résultats et les facteurs clés de succès. Sur le thème de la qualité de vie au travail, nombre d’entreprises ont ainsi mis en place des baromètres sociaux. Beaucoup ont mobilisé leurs salariés sur toutes les dimensions de la RSE. Certaines sont allées jusqu’à adopter les schémas de l’“entreprise libérée”.
Mais les initiatives peuvent être bien plus concrètes. Armor, entreprise de consommables pour l’impression, explique comment elle a mis en place une crèche d’entreprise. DoYouBuzz, le site de CV sur le Web, met en avant l’organisation du télétravail chez lui. Six réseaux de femmes entrepreneurs détaillent leur action commune pour l’égalité hommes-femmes. Les maraîchers nantais ont structuré une politique RH pour passer d’un emploi de saisonniers à des contrats en CDD puis en CDI. La Savonnerie de l’Atlantique (20 salariés) fait partager la journée de travail qu’elle consacre chaque année à « relever ensemble le nez du guidon » pour parler de l’entreprise.
De son origine – la Maison de l’emploi – la plate-forme RSE a conservé une attention à la jeunesse des quartiers en difficulté et à la diversité dans l’emploi. Les entreprises de la Fondation agir contre l’exclusion (Face) locale disent comment elles ont mis en place un guide des pratiques d’insertion dans l’entreprise. Au titre de la non-discrimination, la CFDT est à l’origine d’une journée annuelle du recrutement durant laquelle des entreprises rencontrent des chômeurs de ces quartiers.
Pour en savoir plus :
