logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Acteurs

3 questions à… Franck Aimé

Acteurs | publié le : 19.04.2016 | Stéphanie Maurice

Image

3 questions à… Franck Aimé

Crédit photo Stéphanie Maurice

Le directeur du développement de l’organisation et des dynamiques sociales chez Danone a été le fer de lance de la convention sur l’emploi durable, signée avec l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation (UITA).

Pour quelles raisons Danone a-t-il signé un accord sur la promotion de l’emploi pérenne avec l’UITA, le 15 mars dernier ?

Je voudrais préciser que notre relation avec l’UITA est riche et ancienne : cette convention sur l’emploi durable est la dixième que nous signons avec eux. Elle est exemplaire dans sa méthodologie : nous l’avons coconstruite, avec des visites communes dans un certain nombre de pays et la mise en place d’expériences pilotes au Mexique, en Indonésie et au Maroc, pour encadrer le recours à la flexibilité. Nous souhaitons limiter les contrats à durée déterminée, en intérim par exemple, et les emplois externalisés, la sous-traitance ou prestation de services.

En effet, en tant qu’entreprise présente sur plus de 130 marchés, nous avons besoin que nos différentes filiales et implantations progressent au même rythme sur la question des droits sociaux. Ce sont des valeurs importantes chez Danone, qui découlent du double projet économique et social énoncé par Antoine Riboud en 1972. Aujourd’hui, le recours à l’emploi précaire est extrêmement variable d’une région à l’autre : par exemple, en Asie, le taux est 1,5 à 2 fois supérieur à celui de l’Europe, où il est inférieur à 10 %.

L’objectif de cette convention est double : l’UITA désire de son côté réduire la précarité ; pour nous, l’intérêt est tant économique que social. À travers un emploi plus pérenne, des salariés plus motivés et plus loyaux, nous améliorons la qualité de nos produits. Les procédés de fabrication étant de plus en plus complexes, il est également important pour nous de stabiliser nos équipes, de les former et de les retenir.

De quelle manière allez-vous procéder pour favoriser ces emplois durables ?

L’élément novateur dans cet accord est notre volonté de favoriser le dialogue social au niveau local. La mise en œuvre est prévue de façon progressive. Le détail des modalités d’application est laissé au management et aux syndicats de chaque pays. Il s’agit de trouver un équilibre entre une approche globale et une adaptabilité aux réalités locales, car il peut y avoir une très grande diversité dans l’activité et les produits, comme dans les problématiques économiques, ainsi que dans la maturité des partenaires sociaux.

Cependant, un cadre existe : dans l’accord, nous avons identifié et défini les motifs de recours à un travail flexible. Ce peut être un contexte de crise économique, une saisonnalité de la production plus forte que celle que connaît Danone en moyenne, ou une ouverture de nouveaux marchés, avec la nécessité d’avoir des forces de vente supplétives, par exemple. Volontairement, nous n’avons pas d’objectif chiffré précis de la réduction des emplois précaires : cela ne nous semblait pas nécessaire, et même un peu risqué.

L’UITA a un rôle d’information de ses adhérents, et de notre côté, une formation autour de la méthodologie va être mise en place pour les 350 à 500 managers, DRH et directeurs d’usines concernés, sous forme de visioconférences.

Avez-vous prévu une évaluation de l’application de cet accord ?

Des visites conjointes avec l’UITA se tiendront, pour mener à bien cette évaluation. Elles se dérouleront sur le rythme de trois à cinq pays visités annuellement, avec des réunions de travail programmées avec les partenaires locaux. Nous allons d’abord privilégier nos principales implantations : Indonésie, Mexique, Russie, États-Unis, Argentine, Brésil et France. Nous verrons alors ensemble si la convention se met bien en place ; et si ce n’est pas le cas, nous identifierons les freins.

Auteur

  • Stéphanie Maurice