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Sur le terrain

Retour sur… la politique de validation des acquis de l’expérience (VAE) à l’Abrapa

Sur le terrain | publié le : 22.03.2016 | M. N.

De 2011 à 2015, la structure d’aide à domicile, qui emploie près de 3 000 personnes en Alsace, a réduit de 65 % à 58 % le taux de non-diplomées parmi ses salariées. Grâce à une politique volontariste de recours à la validation des acquis de l’expérience (VAE) et à un travail d’adaptation des temps d’accompagnement durant les parcours de validation.

Douze ans de pratique au bénéfice de plusieurs centaines de salariées : l’Abrapa est assurément un témoin privilégié des vertus et des limites des différentes formations diplômantes qui sont proposées aux publics peu ou pas qualifiés dans l’aide à domicile.

Poids lourd de ce secteur, avec son effectif de 2 465 CDI et plus de 500 CDD et contrats aidés (correspondant à un peu plus de 2 000 équivalents temps plein), l’Association bas-rhinoise d’aide aux personnes âgées a consacré, en 2015, 1,37 million d’euros de fonds propres à la formation de son personnel, soit un budget d’un peu plus de 2 % de la masse salariale. « Sur nos 1 300 aides à domicile, un millier suivent au moins une formation par an », cite en exemple Nathalie Schaerer, responsable formation.

Dans ce contexte volontariste, la structure a toujours adhéré rapidement aux dispositifs pour son secteur d’activité, au fur et à mesure de leur émergence.

Ainsi, la VAE (validation des acquis de l’expérience) est une réalité à l’Abrapa depuis 2003. La formule lui a semblé bien adaptée au profil majoritaire de son public : des femmes arrivées à la quarantaine qui entament une seconde vie professionnelle, après l’interruption volontaire ou forcée d’une première par l’effet de la maternité, d’un licenciement ou d’une rupture conjugale. Elle a donc commencé par proposer le DEAVS (diplôme d’État d’auxiliaire de vie sociale), de niveau V. Quand il est réalisé en VAE collective, le parcours est financé par trois sources : le plan formation, les fonds mutualisés de l’Opca Uniformation et l’enveloppe pour la formation aide à domicile de la CNSA (Caisse nationale de solidarité active, elle-même financée par la journée de solidarité).

Un accompagnement spécifique

Mais un constat s’est vite imposé : sans accompagnement spécifique, les candidates partaient droit à l’échec. « Peu familières de l’écrit et du passage d’examen, elles développaient pour cette raison un stress pénalisant. Nous avons largement repensé la formation avec l’organisme régional Ifcaad, afin de renforcer la préparation à la rédaction du livret 2 et la présentation devant jury, au moyen d’examens blancs. Nous avons aussi développé les formations pratiques sur plateau technique, pour leur faire retrouver des situations plus familières », décrit Nathalie Schaerer. De ce fait, au lieu des 15 heures du référentiel, la durée a été augmentée à 24 heures, voire à 35 heures lorsqu’une remise à niveau en français s’impose de surcroît.

Ces divers ajustements portent leurs fruits. Depuis l’instauration du DEAVS, le taux de réussite atteint 57 %, soit 162 reçues sur 283 candidates. Et il a augmenté avec le temps.

79 % de réussite

Seconde étape, en 2007, le titre professionnel “assistant de vie aux familles” (ADVF), dispensé par l’Afpa et l’Ifcaad, a lui aussi montré son efficacité moyennant quelques adaptations, pour aboutir, depuis les débuts, à un taux de réussite de 79 % au bénéfice de 131 candidates. Il est financé sur la période de professionnalisation.

Dernier étage, la mention complémentaire aide à domicile (MCAD) a été mise en œuvre à l’Abrapa dès son ouverture à la formation continue, en 2009. C’est elle qui affiche la plus belle réussite : 93 %, soit 64 reçues sur 69 candidates. Pour l’Abrapa, le bilan s’explique par une procédure plus légère, en comparaison du DEAVS. « Nous privilégions désormais la MCAD. Son livret est plus simple à rédiger, car il se focalise davantage sur le projet personnel et la description concrète de l’activité ; il est moins analytique. Elle facilite aussi les passerelles vers des formations de niveau supérieur », observe Nathalie Schaerer. L’accompagnement de 24 heures, étalées sur sept à huit mois, a été confié au Dava (dispositif académique de validation des acquis) de l’académie de Strasbourg. « Une expérimentation auprès de six candidates de l’une des antennes locales a validé la pertinence du cursus et a décidé de l’étendre aux autres implantations de l’Abrapa », confirme Léon Liseron, conseiller au Dava Alsace.

La MCAD est financée de la même manière que le DEAVS et lui est équivalente, mais elle relève d’un ministère différent (Éducation nationale au lieu de la Santé), ce qui ne facilite pas la cohérence d’ensemble, selon l’Abrapa. D’autant plus que le titre professionnel ADVF relève, quant à lui, d’un troisième ministère, celui du Travail…

Au total, toutes les actions entraînent une baisse de la part des non-diplômés à l’Abrapa. Entre 2011 et 2015, elle est passée de 65 % à 58 %. Conservé fidèlement, l’historique des formations suivies génère une GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et compétences) et ouvre des passerelles professionnelles pour les salariées : progression de carrière ou reconversion vers un poste moins usant. « L’Abrapa, ce n’est pas que le portage des repas, l’aide à domicile ou les soins infirmiers à domicile. Nous avons une dizaine de métiers », rappelle Nathalie Schaerer.

Auteur

  • M. N.