SACRO-SAINT PRINCIPE DE LA SOCIETE CIVILE, la justice n’existe quasiment pas en entreprise. Non que les problématiques éthiques n’existent pas au travail, mais la priorité donnée à la logique du profit dans une perspective où la mission de l’entreprise se borne à créer de la richesse soumet l’exigence de justice à un impératif supérieur, qui contrarie souvent les principes de la République. Bref, la hiérarchie et l’intérêt de l’employeur l’emportent quasiment toujours sur les principes de la justice.

Face au capitalisme mondialisé et à une rationalisation de la production, l’auteur, sociologue à l’université de Louvain, explique que l’une des tâches de la pensée critique est de rappeler les exigences de justice qui organisent la vie non des produits ni des profits mais celle des hommes. Il analyse les conditions pour que ceux-ci s’appliquent jusque et y compris dans la sphère professionnelle, vecteur essentiel de la vie en société.

Toutes les valeurs, clairement, ne se valent pas pour l’auteur, qui propose cependant quatre modèles pour les ordonner, toutes fondées sur l’éthique : l’éthique de la discussion, l’éthique du compromis, celle du développement et l’éthique de la reconnaissance. Le but, dans tous les cas, est de mettre fin au divorce entre les valeurs de la vie professionnelle et de la vie sociale en général, et d’éclairer le cas échéant l’action syndicale.