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Sur le terrain

Outil pédagogique : Suez encadre l’autonomie à l’aide d’un jeu formatif

Sur le terrain | Pratiques | publié le : 16.02.2016 | Véronique Vigne-Lepage

L’École des métiers du pôle Osis de Suez expérimente l’utilisation d’un jeu pédagogique reproduisant une mission de travail, afin d’harmoniser les savoir-faire et de diffuser de bonnes pratiques auprès d’opérateurs autonomes au quotidien.

Parmi les 3 500 collaborateurs du pôle On site & industrial solutions (Osis) du groupe Suez, les 1 650 opérateurs intervenant dans l’assainissement font l’objet, depuis l’été dernier, d’une expérience pédagogique : autour d’un jeu de plateau simulant une ville, Perf’Em, ils “jouent” l’organisation d’une mission telle que dans le réel, en binôme et de manière autonome. Selon les choix que fait chaque binôme et selon la qualité de sa préparation, il rencontre plus ou moins d’imprévus (accident, panne, manque de matériel…). Le client est alors plus ou moins satisfait, le chiffre d’affaires et la rentabilité de l’entreprise sont plus ou moins bons, et les opérateurs terminent plus ou moins tôt leur journée de travail. Comme dans la réalité.

« Jusqu’à présent, dans cette activité d’assainissement, la culture de la transmission était orale et sans formation dédiée », explique Hélène Blazianu, DRH du pôle Osis. Mais la technicité croissante des opérations, la nécessité accrue d’une remise en état rapide des sites des clients et une évolution des matériels utilisés ont incité le groupe à formaliser des savoir-faire communs. Et la création d’une École des métiers, dispositif de formation commun à tous les salariés du pôle Osis, en 2013, a fourni le cadre à cette réflexion.

Douze parcours de formation

Pendant un an et demi, le service RH et des représentants des différents métiers (assainissement, hygiène immobilière, etc.) ont travaillé pour concevoir douze parcours de formation : l’un commun à tous les salariés du pôle (deux jours sur la sécurité, par exemple) et onze autres propres à chaque métier (deux jours chacun), explique Xavier Durget, responsable de l’École des métiers.

Pour la partie théorique du module assainissement s’est posée la question du manque d’habitude des opérateurs à rester concentrés en salle. « C’est pourquoi nous avons sollicité la création du jeu pédagogique auprès du département formation de la CCI de Lyon, qui nous avait été recommandé », explique Hélène Blazianu.

Christian Martinez, consultant designer à la CCI, a ainsi conçu Perf’Em sur mesure, en collaboration avec l’École des métiers et ses sept formateurs issus du terrain : « Suez voulait un outil rendant la formation active et participative, explique-t-il. Mais, contrairement à des clients qui apprécient que le jeu transpose le quotidien de leurs salariés dans un univers imaginaire, ce groupe ne souhaitait que peu de distance avec le réel. » Le responsable de l’École des métiers estimait que ces opérateurs, n’ayant « pas l’habitude de jouer », auraient en effet pu être « perturbés » par un jeu qui irait « trop loin ». Christian Martinez a ensuite formé les formateurs à l’utilisation du jeu (un jour). « Le rôle de l’animateur est très important, assure Xavier Durget. Il s’agit de passer les messages au bon moment. »

Des notions mises en application

Depuis l’été dernier, 80 opérateurs ont déjà été formés avec Perf’Em, tous les autres le seront d’ici à environ trois ans. Quelques semaines après la session, les formateurs accompagnent les opérateurs en intervention pour vérifier s’ils mettent en application les notions apprises. Ceux qui ne le font pas repassent en formation. « Ils peuvent ainsi témoigner auprès de leurs collègues des conséquences de leurs erreurs », estime Xavier Durget, qui assure que le bilan « ne pourra être fait qu’à moyen ou long terme, car on agit sur les comportements ».

Cependant, la satisfaction des participants s’avérant « plutôt bonne », Suez va étendre l’utilisation de Perf’Em au module métier hygiène immobilière et reprendre le principe de l’outil pédagogique ludique pour d’autres formations (un jeu vidéo pour les opérateurs du nucléaire, et un autre jeu pour le module sécurité). Quant à Hélène Blazianu, qui a participé, au sein de la branche, à la création d’un certificat de qualification professionnelle d’agent d’assainissement, elle espère pouvoir rendre certifiant ce module “maison”.

Auteur

  • Véronique Vigne-Lepage