PROLIXE, Keynes est aussi un auteur difficile, dont les théories, schématisées à l’extrême, ont été détrônées à la fois par la pensée marxiste et par celle du libéralisme, puis déconsidérées par leur mise en pratique maladroite au moment de l’arrivée de la gauche aux affaires entre 1981 et 1983. Sur la base de cet échec, il semble acquis que le keynésianisme se révèle inopérant, voire contre-productif dans le cadre d’une économie mondialisée. Dans ce cas, la relance du pouvoir d’achat tend à ne pas se faire spontanément au profit des entreprises et des emplois nationaux mais au plan de l’économie globale, ce qui n’est que d’un piètre avantage localement. Une des raisons de la difficulté de Keynes tient aussi au fait qu’il s’agit d’un auteur qui mêle les analyses économique, culturelle, politique et monétaire. L’appropriation de ses idées selon la seule logique économique ne coule donc pas de source. La crise de 2007-2008 a pourtant réactualisé l’intérêt de la lecture de Keynes. L’auteur, sociologue, fut l’un des premiers avant guerre à s’intéresser à La Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt, de la monnaie – paru en 1936 – et à en présenter les idées de manière limpide. La longue introduction par un chercheur associé à l’EHESS redonne toute sa portée à la réflexion keynésienne.