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La semaine

Fait religieux : Salariées musulmanes : ce qu’elles attendent des entreprises

La semaine | publié le : 26.01.2016 | Frédéric Brillet

Selon une étude, les salariées musulmanes pratiquantes souhaitent d’abord pouvoir accomplir leur prière rituelle pendant les temps de pause et porter le voile.

Dans un contexte où la manifestation du fait religieux en entreprise suscite beaucoup de questions, le MBA diversité, dialogue et management de l’Institut catholique de Paris (ICP) et InAgora, cabinet spécialisé dans la formation et le conseil aux entreprises en matière de fait religieux, ont mené une étude qualitative et quantitative sur ce sujet, rendue publique le 26 janvier.

Mais, plutôt que d’interroger, comme cela a déjà été fait, les employeurs ou l’ensemble des salariés, l’enquête s’est focalisée sur les salariées musulmanes pratiquantes. Et ce pour deux raisons, expliquent les auteurs de l’étude. D’abord, l’islam est une religion qui comporte des prescriptions individuelles plus visibles et contraignantes pour les fidèles que le catholicisme, et une grande part des affaires relatives au fait religieux en entreprise concernent l’islam. Ensuite, les femmes sont susceptibles d’avoir plus d’attentes que les hommes, dont une spécifique qui concerne le port du voile.

250 musulmanes ont donc répondu à des questions touchant au respect ou à la mise en pratique au travail de préceptes religieux, l’objectif étant de mieux comprendre leurs attentes. Les résultats doivent être interprétés avec précaution, compte tenu de la difficulté de constitution d’un échantillon représentatif : les musulmanes pratiquantes seniors et ouvrières sont ainsi sous-représentées. Mais ils n’en demeurent pas moins intéressants tant l’on en sait peu sur cette population.

Le chiffre clé de l’enquête ?

60 % des femmes interrogées estiment “très important” de pouvoir respecter certaines prescriptions religieuses au travail, et mettent en tête l’accomplissement de la prière rituelle durant les temps de pause, et le port du voile. Deux demandes souvent refusées par les employeurs pour des raisons de praticité ou parce que ces salariées sont au contact de la clientèle.

Les modalités de salutation entre hommes et femmes peuvent aussi poser problème : les femmes interrogées souhaitent garder une distance pudique avec leurs collègues et affirment éviter de faire la bise, voire de serrer la main à leurs collègues masculins. En revanche, les autres prescriptions (congés pour fêtes religieuses, jeûne de ramadan, alimentation respectant les interdits religieux) ne font pas l’objet de souhaits plus marqués, notent les auteurs, car la salariée peut les respecter indépendamment de toute mesure spécifique de son employeur.

La demande de mise à disposition de lieux de culte apparaît très marginale, les salariées pratiquantes semblant avoir conscience que cette revendication a peu de chances d’aboutir dans le contexte français ; rares sont les entreprises qui ont aménagé des salles de prière.

Auteur

  • Frédéric Brillet