Le mythe du retour de la croissance après laquelle on court sans cesse permet de cultiver un autre mythe, celui du plein-emploi ou, en tout cas, d’une fin possible du chômage de masse. Or, selon l’auteur, professeur d’économie à Mines ParisTech et à Dauphine, les évolutions économiques, et notamment la globalisation et la financiarisation de ces dernières quarante années, ont au contraire largement contribué à créer et à alimenter des trappes à précarité et pauvreté. Celles-ci finissent, d’un point de vue humain, par constituer autant de bataillons d’hommes « inutiles », d’hommes en trop, qui ne servent pas aux autres et sont enfermés dans une situation de malheur dont ils ne peuvent sortir. Cette inutilité, cette non-valeur sociale est, selon l’auteur, la pire des inégalités. D’autant plus qu’elle est souvent sans issue. Les personnes qui y sombrent, sauf miracle, ne peuvent en sortir. Partant du principe que l’économie n’est pas une fatalité, l’auteur explique les causes de ce phénomène et les moyens d’y remédier.

Un livre d’une magnifique clarté et qui embrasse l’ensemble des paramètres du monde contemporain : population, emploi, climat, énergie. Malgré la violence qu’il dénonce, cet ouvrage fait preuve d’un optimisme profond. Le pire est évitable.