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La chronique

Meryem Le Saget conseil en entreprise

La chronique | publié le : 15.12.2015 |

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Meryem Le Saget conseil en entreprise

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Éloge de la prise de risque

Il n’existe pas d’assurance qui protège contre la vie. Mais chacun peut se tuer à petit feu en évitant toute circonstance qui pourrait le mettre au défi, secouer ses habitudes, le plonger dans la nouveauté, bref, lui donner de la vitalité.

Notre société est un peu responsable de cette appréhension. La prise de risque a mauvaise presse. « C’est dangereux. » Je ne parle pas de sauter d’un train en marche, bien sûr, ni de traverser une autoroute à pied ; là, ce serait de l’inconscience ! Mais plutôt d’avancer en terrain non balisé : accepter un projet nouveau dont on ne connaît pas tous les contours, être authentique dans un climat où les personnes se camouflent, oser créer son entreprise, partir quelque temps dans un pays culturellement très différent…

Aux États-Unis, l’éducation est encourageante, l’enfant est soutenu pour tenter des choses nouvelles. S’il se trompe, ce n’est pas grave, puisqu’il a appris de son expérience et qu’il en sort enrichi. En France, le risque est craint comme la peste, car il peut conduire à l’échec. On vit donc dans la peur d’être ridicule, d’échouer, de ne pas être parfait. Et cette attitude instaure une frilosité très dommageable pour notre moral et notre vitalité. Quitter un travail pour tenter une aventure que l’on porte en soi depuis longtemps ? Quelle folie ! Accepter de lâcher prise et de tester de nouvelles approches collaboratives ? Danger !

Cela peut sembler paradoxal, mais prendre des risques fait partie des comportements qui mènent au bonheur. Pour une raison toute simple. Faire un pas vers l’inconnu procure la joie de se sentir vivre plus intensément : plaisir d’oser, de s’ouvrir, d’expérimenter des sensations nouvelles. Même les petites audaces du quotidien sont enthousiasmantes, rafraîchissantes. Elles nous confèrent comme un supplément d’âme.

En prenant des risques, on apprend également beaucoup sur soi comme sur les autres. Par exemple, les expériences que nous vivons mettent en lumière nos espoirs, notre vulnérabilité, nos illusions parfois ; mais aussi nos forces insoupçonnées, notre ingéniosité, notre résilience, notre courage. Sans prise de risque, il est difficile de découvrir ses limites, puisqu’on ne s’y confronte jamais ! En quelque sorte, on campe sur une vieille représentation de soi-même qui n’a jamais été mise à jour.

Prendre des risques est une voie royale de développement personnel : se pousser un peu plus loin pour grandir, oser ce qui nous semble à première vue inaccessible mais que l’on va réussir parce que l’on puisera en soi des ressources insoupçonnées. La prise de risque active de nouvelles aptitudes, les développe et les révèle. On se sent vivre plus intensément, on traverse des émotions qui nous remuent, nous bouleversent aussi parfois.

Avez-vous remarqué que ceux qui se protègent beaucoup (ou restent dans leur zone de maîtrise) sont souvent plus fragiles émotionnellement que ceux qui prennent les situations à bras-le-corps ? Car, en restant calfeutrés dans leur bulle, ils n’ont pas appris à manager leurs émotions face à l’incertitude. Or la vie n’est faite que de cela ! La maturité émotionnelle, cela s’apprend. Mais pas en restant assis sur son petit banc. Prendre des risques, finalement, c’est honorer la vie en soi, agrandir son cœur et donner place à la personne que l’on pourrait être.