Qu’elle soit citée comme un exemple d’économie florissante fondée sur un partenariat social performant entre patrons et syndicats, ou vilipendée comme économie prédatrice au plan européen, l’Allemagne est un modèle pour la France depuis qu’elle est devenue la première économie européenne. Modèle de ce qu’il faut faire ou, au contraire, de ce qu’il faut éviter, à savoir : asseoir sa prospérité au détriment des autres pays européens et de la protection sociale des salariés fragiles.

Cependant, ce qui est bon outre-Rhin est-il bon pour les autres pays, à commencer par la France ? Pour répondre à cette question, les auteurs, économistes à l’OFCE ou à l’Ires, posent la question de savoir en quoi et pourquoi l’Allemagne fait mieux que la France. Ils rappellent les profondes mutations subies au cours des vingt dernières années par le modèle allemand. Notamment, la montée des inégalités outre-Rhin pose actuellement la question du renforcement de l’État social, comme l’illustre l’adoption de la loi sur le salaire minimum de 2014. Par ailleurs, la démographie allemande représente une menace pour les performances du pays en pesant sur les finances publiques et la croissance. À l’heure où les salariés vieillissants risquent de grossir les cohortes de pauvres et où la relève n’est plus assurée, la question qui se pose à l’Allemagne comme ailleurs est celle de la soutenabilité d’un modèle où le fossé se creuse entre gagnants et perdants du libéralisme.