Sensibiliser les personnels à la prévention des risques professionnels tout en s’amusant. C’est le pari, semble-t-il réussi, de la mairie de La Rochelle (1 800 agents) grâce au jeu Prev’Risk élaboré en 2010 par son service prévention et sécurité du travail avec une société spécialisée dans la conception de dispositifs ludiques. « Ce jeu est principalement utilisé comme support dans le cadre de la formation à la sécurité que nous proposons en interne, explique Sabrina Nikkel, responsable du service. Nous mettons l’accent sur une pédagogie active qui sollicite les stagiaires en leur permettant de porter un regard critique et constructif sur leur environnement de travail. Nous ne souhaitions pas proposer un produit classique de type PowerPoint. »

Après l’avoir présenté officiellement quelques mois après sa conception, à l’occasion d’une journée de prévention organisée par la ville et le CCAS (caisse centrale d’activités sociales du personnel), le jeu a pris son rythme de croisière. « Trois cents agents ont déjà été formés grâce à Prev’Risk. Nous n’avons pas les moyens en interne de réaliser davantage de sessions, mais nous utilisons le jeu dans d’autres formations en tant qu’outil pédagogique, comme par exemple dans la formation PRAP – Prévention des risques liés à l’activité physique », souligne Sabrina Nikkel.

Au-delà de la sensibilisation des agents aux risques liés à leur activité professionnelle, le jeu a également pour ambition de diffuser les règles et les bonnes pratiques de la collectivité en matière de sécurité au travail. « Ce jeu confronte des préjugés tout en donnant de l’information », résume Sabrina Nikkel.

Concrètement, le jeu de cartes est divisé en cinq grandes familles : document unique, acteurs et pratiques, mesures individuelles et collectives, qualité de vie au travail, mots clés. À l’intérieur de ces familles, 60 thèmes et, au total, 360 questions (maintien dans l’emploi, médecine de prévention, risques routiers, reconnaissance et déni, maladies professionnelles, signalisation, organisation du travail, etc.) « Les questions “Penser” font appel à l’expérience et suscitent le débat alors que les questions “Savoir” font appel aux connaissances réglementaires, explique Sabrina Nikkel. Les réponses à l’item “Vivre ensemble et isolement” suscitent de nombreuses réactions et des discussions des agents, par exemple quant à la meilleure façon de travailler, de ne pas déranger son voisin, de gérer les nuisances sonores. »

Exploité dans une logique interservices ou à l’intérieur d’un même service en fonction des besoins exprimés, Prev’Risk peut être utilisé selon deux modalités : des séances courtes de sensibilisation (45 à 60 minutes) ou des séances plus longues (2 h 30 à 3 h). « Nous sensibilisons les différentes directions à l’opportunité d’utiliser ce jeu, deux fois par an lors des réunions de nos référents document unique, au sein desdites directions. »

Satisfait des retours exprimés par les agents et par les services utilisateurs, le service prévention et sécurité a prévu de commercialiser ce jeu dans les mois qui viennent. La cible ? D’autres collectivités mais aussi des entreprises privées. Responsable de la section CFDT à la mairie de La Rochelle, Lydia Barutteau salue volontiers la portée pédagogique du jeu mais regrette de ne pas avoir été invitée, ainsi que ses collègues élus du personnel, à tester cet outil lors de sa conception : « Être sensibilisé aux risques est une bonne chose, mais ce que nous attendons avant tout, en la matière, ce sont des actes et des remèdes. »