Le versant œuvres sociales des comités d’entreprise a certainement permis à des milliers de salariés de partir en vacances ou d’aller au spectacle, mais cette vision du CE est restrictive : sa mission d’origine est aussi d’assurer une expression collective des salariés sur la marche économique et financière de l’entreprise. À l’heure où le salariat se fragmente en une multitude de catégories aux intérêts divergents, voire contradictoires, l’auteur, maître de conférences en sciences politiques à Paris 8, analyse le fonctionnement et les fragilités de cette institution vieille de 70 ans. Il souligne notamment les lacunes en matière de conseil stratégique aux directions d’entreprise et les différences criantes de moyens entre les CE selon la taille des organisations. Pour pallier ces inégalités, il explique la nécessité de sortir du cadre de l’entreprise pour mutualiser les équipements et les services afin de rationaliser et d’optimiser les actions. Dans une logique d’insécurité sociale généralisée, il semble également urgent à l’auteur que les CE puissent se constituer en vecteur de reconquête de nouvelles normes sociales progressistes, en réinvestissant le champ de l’organisation du travail et du management. Les CE ont les moyens juridiques de fonctionner comme creuset de l’identité collective au travail, au-delà des différences entre les salariés.