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3 QUESTIONS À… Sakina Ben Halifa

ACTEURS | publié le : 09.06.2015 | Chantal Féminier

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3 QUESTIONS À… Sakina Ben Halifa

Crédit photo Chantal Féminier

Depuis un an, elle préside l’Association nationale des apprentis de France (Anaf). Créée en 2010, l’Anaf prône la “proactivité”, une méthode de recherche de contrat dans laquelle le jeune anticipe les besoins des entreprises. Objectif : obtenir une meilleure implication de ces dernières dans l’accueil et la formation des jeunes.

Combien d’adhérents comptez-vous et qui sont-ils ?

Aujourd’hui, l’Anaf a un millier d’adhérents à jour de cotisation (2 euros). Ce sont des apprentis en CFA, des jeunes en recherche de contrat ou des alternants du secondaire ou de l’enseignement supérieur, BTS, bac + 5… Nous sommes essentiellement présents en Île-de-France mais nous comptons bien avoir, avant la fin de l’année, un représentant dans chaque région pour organiser à terme des élections. Notre première mission est la représentativité. Nous sommes la seule structure associative ciblée sur l’apprentissage et l’alternance. Et nous défendons leurs droits. La seconde est une mission d’animation. Par exemple, nous étions présents lors de la rencontre entre les plus de 30 ans et les moins de 30 ans organisée en avril par Astrée(1) pour imaginer l’entreprise de demain. À l’Anaf, on a une jeunesse en colère contre une certaine précarité, qui a de la difficulté à trouver un emploi et à être écoutée. Les pouvoirs publics, les entreprises, les “adultes” en général, prennent des décisions sans les consulter.

Mais vous avez été reçus début avril au ministère de l’Éducation nationale ?

Oui, nous avons rencontré des représentants de ce ministère et de celui du travail. Une autre de nos grandes missions est d’obtenir une meilleure qualité d’alternance. Notre moteur, c’est la proactivité : une façon d’aller vers l’autre, de comprendre ses besoins. Nous développons et appliquons une méthode : la RPE (recherche proactive d’entreprise), inspirée de l’alternance proactive créée par la région Île-de-France. Le principe est très différent des méthodes traditionnelles par lesquelles les jeunes mendient un contrat auprès des employeurs. Nous, nous les incitons à s’intéresser aux besoins de l’entreprise, à les anticiper pour pouvoir mieux y répondre. Cela leur permet de trouver plus facilement un contrat et de modifier, au besoin, leur orientation professionnelle. Ils sont ensuite plus efficaces pendant leur alternance. Nous diffusons la méthode auprès des CFA – plus d’une dizaine – et des missions locales via l’entreprise Proactive academy(2) qui intervient comme prestataire de formation, essentiellement en Île-de-France. La société a de très bons résultats. Nous sommes intervenus auprès de 131 jeunes ; 66 % d’entre eux ont trouvé un contrat. Nous avons travaillé également sur l’échec scolaire et les ruptures de contrat.

Et qu’attendez-vous en retour des entreprises ?

En anticipant leurs besoins imminents, nous sommes en position favorable pour négocier des activités plus formatrices pour les jeunes, un meilleur accompagnement sur les activités et équipements dangereux, une évolution au sens large des pratiques de l’entreprise concernant par exemple l’eco-responsabité, les conditions de travail, la diversification des méthodes de travail, les perspectives de développement…

Ainsi, nous “n’attendons” pas mais nous “obtenons” une meilleure implication de l’entreprise dans l’accueil des jeunes, que ce soit dans le nombre de contrats signés ou dans l’accompagnement et l’effort de formation pendant ces contrats.

(1) Astrée : réseau associatif qui a pour vocation de restaurer le lien social.

(2) Proactive academy, ex-Anaf formation, est une société détenue à 30 % par l’Anaf. La salle d’entraînement informatique située à Asnières de cette entreprise d’économie sociale et solidaire a été financée en 2014 par le conseil général des Hauts-de-Seine à hauteur de 70 000 euros dans le cadre d’un appel à projets.

Auteur

  • Chantal Féminier