L’individualisme grandissant et les fortes attentes vis-à-vis du travail ont renforcé le besoin de reconnaissance chez les salariés. Cependant, cette attente est souvent déçue, car la révolution managériale post-tayloriste a du mal à remplir ses promesses.

Ce livre collectif, résultat d’une enquête de trois ans réalisée à partir d’entretiens avec des salariés, des syndicalistes et des cadres dirigeants, rappelle que la reconnaissance relève de quatre registres : la nature de l’activité (exigence de sens, fierté du travail bien fait), la dimension transactionnelle (système de récompense), la dimension relationnelle (regard des autres) et la prise en considération de la personne. La reconnaissance est un besoin complexe à satisfaire, car il relève du subjectif et de l’intime, lié aux trajectoires individuelles. Autre difficulté : la reconnaissance du travail est à la fois individuelle et collective. Comment évaluer et récompenser ? Avec quels moyens en temps de crise ?

Différents éléments constituent des obstacles à la reconnaissance : les discriminations, le mépris social, mais aussi certaines formes d’organisation du travail et de management (intensification, sous-effectif, qualité, perte de sens, recours massif à la sous-traitance). Plusieurs pistes sont évoquées : diversifier et enrichir les tâches, rendre autonome, jouer sur les horaires, mettre en place du télétravail… Pour finir, les auteurs évoquent les comportements des salariés en mal de reconnaissance : résignation, retrait, démission. Ils regrettent que peu d’entre eux utilisent la prise de parole collective comme levier d’action et que les syndicats soient assez peu mobilisés.