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Enquête

UN OUTIL DE RÉÉQUILIBRAGE DES EFFECTIFS

Enquête | publié le : 01.07.2014 | STÉPHANIE MAURICE

Les mesures intergénérationnelles du constructeur automobile intègrent un plan de départs en préretraite des salariés volontaires les plus âgés. De quoi remettre d’aplomb la pyramide des âges tout en douceur.

Le congé seniors, dit congé de maintien dans l’emploi des salariés âgés, a du succès chez PSA. Depuis le 1er janvier dernier, date d’ouverture de ce dispositif de départs en préretraite, 800 volontaires se sont déjà signalés, quand le constructeur automobile (60 000 salariés), n’en attendait que 1 000 sur l’ensemble de l’année.

Il anticipe désormais 1 400 congés signés en 2014. Sur les sites de Sochaux, Valenciennes et Caen, l’engouement a été tel que la direction a dû suspendre la mesure quelque temps pour limiter l’afflux de candidatures. Ricardo Madeira, délégué syndical central (DSC) CFDT, n’en est pas surpris : « Le travail s’est intensifié sur les lignes de montage. Ceux qui sont là depuis trente ou quarante ans sont usés et ont envie de partir. »

Tous les salariés du groupe sont éligibles, à condition d’être, au maximum, à 24 mois de la date de départ à la retraite à taux plein. Les métiers reconnus pénibles bénéficient d’une rallonge à 36 mois. Le principe général ? Un travail à mi-temps les premiers mois, puis une dispense d’activité associée à 70 % du salaire brut, avec un plancher de 1800 euros brut. Les personnes concernées restent inscrites à l’effectif de PSA, et les cotisations sociales sont payées sur une base de 100 % du salaire plancher.

Une idemnité de départ valorisée

Dernière touche pour assurer l’attractivité de la proposition : l’indemnité de départ à la retraite est valorisée de 20 %, le montant additionnel étant versé au début du congé pour compenser, en partie, la perte de revenus. « Sur la région parisienne, cela marche moins bien, car l’allocation versée est insuffisante face au coût de la vie », remarque Jean-Pierre Mercier, DSC CGT.

Cette mesure d’âge entre dans le cadre des dispositions intergénérationnelles mises en place chez PSA, l’un des piliers du « nouveau contrat social » signé en octobre 2013 par quatre syndicats (CFE-CGC, CFTC, FO, GSEA). Le groupe s’est engagé à prendre un jeune en alternance pour chaque senior entrant dans le dispositif de préretraite. À la rentrée de septembre, 1 200 stagiaires, généralement en contrat d’apprentissage, mais aussi en contrat de professionnalisation, en CIF ou en VIE, devraient donc intégrer l’entreprise. « Mais un alternant n’est pas un embauché en CDI », souligne Ricardo Madeira. Jean-Pierre Mercier est encore plus expéditif : « Le congé seniors est un outil de suppression d’emplois. La politique de la direction est de vider les usines. » Il prend l’exemple du site de Poissy, où une ligne va être démontée d’ici à décembre 2014 : « sur les 5 800 CDI, il y aurait 3 000 salariés en trop. »

Un observatoire des métiers a été mis en place en 2013, qui distingue trois catégories. D’abord, les métiers sensibles qui ne correspondent plus aux besoins de l’industrie automobile (les blouses bleues des mécaniciens, par exemple, sont remplacées par les blouses blanches des électromécaniciens). Ensuite, les métiers à l’équilibre, dont l’entreprise a besoin, mais qui n’offrent pas de difficultés de recrutement. Enfin, les métiers en tension, où les compétences manquent.

Les départs des seniors et les recrutements des jeunes en alternance, qui ne seront pas positionnés sur les mêmes postes, sont des leviers pour rééquilibrer les effectifs. « Entre fin 2013 et mai 2014, les métiers dits sensibles sont passés de 25 % à 23 % de l’effectif et, dans le même temps, les métiers en tension sont descendus de 25 % à 17 % », se félicite Franck Mulard, directeur des relations sociales et du travail.

Pas de fermetures de sites jusqu’en 2016

En contrepartie de ces mesures contenues dans le nouveau contrat social (qui comprend aussi un volet compétitivité et GPEC), PSA s’est engagé à ne fermer aucune usine en France jusqu’en 2016. « Nous voulons avoir une gestion de l’emploi responsable, pour éloigner les craintes que l’on a connues avec la fermeture d’Aulnay-sous-Bois », affirme Franck Mulard. La volonté de restaurer un dialogue social de qualité est là.

À Rennes, où l’usine est en grande difficulté, le congé seniors vient d’être élargi : les candidats pourront postuler à quatre ans de l’âge légal de départ à la retraite, cinq ans pour les métiers pénibles, et toucheront 75 % de leur salaire brut. L’ensemble des organisations syndicales a approuvé cette extension.

PSA PEUGEOT CITROËN

• Activité : constructeur automobile.

• Effectif : 60 000 salariés.

• Chiffre d’affaires : 54 milliards d’euros en 2013.

Auteur

  • STÉPHANIE MAURICE