logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

DES EXPERTS RETRAITÉS TOUJOURS SUR LE PONT

Enquête | publié le : 01.07.2014 | H. T.

Le groupe nucléaire cherche avant tout à préserver ses savoir-faire et laisse la possibilité à ses jeunes retraités de continuer à travailler pour lui.

« À une époque, les jeunes de moins de 30 ans représentaient 90 % de nos recrutements. Ils n’en constituent plus que 60 % aujourd’hui, et les embauches s’effectuent dans toutes les classes d’âge », soutient Philippe Thurat, directeur diversité et égalité des chances d’Areva, soucieux de maintenir une pyramide des âges équilibrée. Et d’éviter une déperdition massive de compétences au sein du groupe nucléaire.

Aujourd’hui, sur les quelque 30 000 collaborateurs d’Areva en France, 13 % ont 30 ans et moins, (3 % ont moins de 25 ans), détaille-t-il. À l’autre bout de la chaîne, les 50 ans et plus constituent 34 % de l’effectif, dont 16 % de seniors de 55 ans et plus (8 % de plus de 57 ans).

Un recentrage sur les salariés expérimentés

C’est à partir de 2007-2008 que le management a pris conscience de la question. Ce qui a d’ailleurs facilité le travail des équipes RH ayant toute latitude de proposer des candidatures de quinquas. « Nous sommes sortis de cette culture du jeunisme pour nous recentrer sur l’expérience, et c’est à ce moment que nous avons entamé une démarche spécifique à l’égard des salariés expérimentés », explique Philippe Thurat.

Avec trois mesures principales : un entretien de carrière à partir de 50 ans ; un entretien d’expérience entre 24 et 18 mois avant le départ en retraite pour tous les collaborateurs possédant un savoir-faire que l’entreprise tient à préserver; un dispositif post-retraite, enfin, qui offre aux intéressés une période de transition entre travail et inactivité.

Ce dispositif permet à d’ex-salariés dotés d’une expertise spécifique, en métallurgie ou en sûreté nucléaire par exemple – de fait ingénieurs –, d’effectuer des prestations pour Areva à hauteur de 100 jours par an au maximum. La collaboration s’effectue par l’intermédiaire d’Experconnect, une société créée en 2005, qui accompagne les entreprises dans l’anticipation de leurs besoins de compétences clés, ainsi que les seniors qu’elles ont repérés et « parrainés ». Les clients, une quarantaine à ce jour, dont de grands acteurs du nucléaire, profitent, du coup, d’un vivier d’experts mutualisé (3 000 inscrits).

« Nous mettons en place un processus piloté, qui permet aux employeurs de faire ponctuellement appel à d’anciens collaborateurs – ou non – dans un cadre légal sécurisé et éthique », explique Pascal Dardenne, directeur du développement et de la communication. Les experts concernés deviennent alors consultants indépendants, en contrat de sous-traitance avec Experconnect.

« Certains DRH nous considèrent comme le dernier chaînon de leur démarche compétences, ajoute-t-il. C’est un accompagnement de fin de carrière qui ouvre le dialogue sur la date de départ, qui n’est plus considérée comme quelque chose de définitif, tout en relâchant la pression pesant sur le collaborateur tenu de transférer ses compétences », soutient Pascal Dardenne. Areva s’appuie ainsi sur un réseau de 300 retraités actifs ; 170 sont opérationnels, 500 missions ont été réalisées par ce biais depuis 2008. « C’est un dispositif intéressant, apprécié du management », souligne Philippe Thurat.

Un entretien de carrière recentré

Ces diverses mesures seniors ont été reprises en 2009 dans un plan d’actions, les négociations en vue d’un accord ayant notamment achoppé sur le sujet de la pénibilité, précise le directeur diversité. Au passage, l’entretien de carrière, dit “seniors”, peu prisé des collaborateurs concernés, a été recentré sur « les salariés de plus de 50 ans, au même poste de travail depuis plus de cinq ans, précise-t-il. On évite ainsi de stigmatiser des personnes qui ne veulent pas être traitées différemment de leurs collègues de 40 ans ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2013, l’entreprise a mené plus de 590 de ces entretiens, contre 150 en 2010.

L’accord sur le contrat de génération, signé le 30 août 2013 par la CGC et la CFDT, formalise le tout et intègre des engagements chiffrés. Les profils de plus de 50 ans doivent représenter au moins 5 % des recrutements annuels (ils ont atteint 5,5 % en 2013). Et la part des plus de 57 ans dans l’effectif doit être au moins égale à 8 %.

AREVA

• Activité : énergie nucléaire et énergies renouvelables.

• Effectifs : 45 300 collaborateurs dans le monde en 2013, dont 30 000 en France.

• Chiffre d’affaires consolidé : 9,2 milliards d’euros en 2013 pour le groupe, dont 40,5 % réalisé en France.

Auteur

  • H. T.