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LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION

L’effort formation sera-t-il maintenu sans le 0,9 % ?

LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION | Enjeu | publié le : 13.05.2014 | LAURENT GÉRARD

« La tentation de diminuer l’effort formation sera d’autant plus forte que les marges des entreprises sont faibles ! », a lancé Alain Druelles, directeur adjoint éducation formation du Medef, le 11 avril dernier lors d’un débat organisé par Opcalia sur les impacts de la réforme sur les organismes de formation, et dont l’intégralité est accessible sur Internet (1). L’interlocuteur s’est gardé d’en dire davantage, et a enchaîné en assursant qu’une « baisse du volume de formation à court terme est possible, mais qu’à long terme on n’y croit pas. À la fois, parce que ce serait suicidaire, et parce que 50 % des formations sont aujourd’hui obligatoires ».

Il s’agit bien du lien marge-formation et de l’objectif du syndicat patronal de « réduire la pression fiscale » sur les entreprises qui se révèle dans cette déclaration. Lors de la négociation paritaire, faire sauter purement, simplement et assez violemment le 0,9 % plan de formation a tenu autant de la stratégie antifiscale que de la réflexion pédagogique sur le poids de la gestion administrative et sur la notion d’imputabilité. Et le Medef de prévenir : à l’avenir, si les marges ne s’améliorent pas, il ne faudra pas s’étonner de la diminution de l’effort formation.

« La formation doit prouver son efficacité »

Mais, à la suite à cette affirmation, le représentant du Medef a fait passer des messages complémentaires : « La formation doit prouver son efficacité et sa valeur ajoutée » ; « il n’est peut-être plus utile ni intéressant de penser en durée, mais en parcours et en étapes » ; « démontrer l’intérêt développera la demande »… En revanche, il n’a pas abordé la question des engagements conventionnels de branche. Sa proposition d’abonder les politiques CPF de branche par les fonds “période de professionnalisation” donne même une vision moins disante de la question. Néanmoins, le Medef pousse ses branches à négocier au plus vite leurs listes de formations éligibles au CPF.

La représentante de l’État, la déléguée à la formation professionnelle, Emmanuelle Wargon, n’a pas été plus affirmative sur le maintien de l’effort formation post-réforme. « Le volume global de formationévoluera selon la communication qui sera faite de la réforme auprès des entreprises. En général, les dépenses ne sont pas stables durant une transition. Il faut que les entreprises se réapproprient une dépense souvent vécue comme une contrainte. » Et d’ajouter : « Cette réforme est un pari. Si elle n’entraîne qu’un ajustement des acteurs sans changement fondamental, ce sera décevant. Sa réussite passera par davantage de formés parmi ceux qui y ont traditionnellement peu accès, et plus de formations qualifiantes, certifiantes et transférables connectées à l’emploi. »

« Ça se traitera aux Prud’hommes »

La déléguée a donc formulé quelques conseils en direction des entreprises : « Réfléchir aux achats de formation », bien prendre conscience qu’en cas « d’absence d’entretien professionnel tous les deux ans, ça se traitera aux prud’hommes lors des licenciements », « développer l’appétit des salariés pour la formation et le CPF grâce à une offre claire, attractive et de qualité… ».

Sur le CPF précisément, Emmanuelle Wargon a affirmé que « la construction du système de comptes, sur l’exemple des comptes retraite réalisés avec la Cnav, n’était pas hors de portée pour le 1er janvier 2015 ». Elle prévoit deux campagnes d’informationsur le sujet : l’une auprès du grand public, mais « pas avant le 1er trimestre 2015 », et l’autre, dès septembre prochain, surtout auprès des TPE et PME, « afin de leur faire bien comprendre qu’elles ne vont plus cotiser comme d’habitude ».

(1) <www.opcalia-events.com>

Auteur

  • LAURENT GÉRARD