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LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION

Chômeurs de longue durée et apprentis ?

LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION | Décryptage | publié le : 13.05.2014 | L. G.

Ouvrir le contrat d’apprentissage aux chômeurs de longue durée de plus de 50 ans est-il une idée judicieuse ? Cette proposition faite par François Hollande la semaine dernière reprend partiellement la proposition de Gérard Mestrallet, président de la Fondation agir contre l’exclusion (Face), de créer un nouveau contrat d’alternance pour ces chômeurs.

Pour Paul Desaigues, conseiller confédéral en charge de la formation à la CGT, cette idée est une erreur, car elle confond l’alternance avec le seul contrat d’apprentissage, or il existe aussi le contrat de professionnalisation qui, lui, est déjà ouvert aux chômeurs de longue durée âgés de plus de 26 ans.

Michel Abhervé, économiste et professeur associé à l’université de Paris-Est Marne-la-Vallée, reste lui aussi dubitatif face à cette idée. « Pour faire en sorte que les plus de 26 ans bénéficient de l’apprentissage, il faudra modifier la loi. Cette mesure ne pourra donc pas entrer en vigueur avant la rentrée 2015, minimum », a-t-il précisé à nos confrères du Centre Inffo. Le plus simple, selon lui, serait donc de fortifier les contrats de professionnalisa­tion, « en augmentant le montant de la prime allouée pour les contrats passés avec des chômeurs de longue durée ».

Cette proposition alternative repose sur le constat que 73,4 % des bénéficiaires de plus de 26 ans sont en emploi six mois après son échéance, selon une étude de la Dares. Autre nécessité selon lui : définir plus précisément une population cible, car on ne mène pas la même politique pour les 2 millions de chômeurs inscrits depuis plus d’un an, et pour les 612 000 inscrits depuis plus de trois ans, dans des situations profondément éloignées de l’emploi. « Les chômeurs inscrits depuis plus de trois ans sont un véritable problème dont on ne parle jamais, assure Michel Abhervé. Et leur nombre a augmenté de 17 % en un an ! ».

Quant à Marie-Françoise Leflon, secré­taire générale CFE-CGC, l’idée de vouloir améliorer la situation des seniors par l’alternance est bonne, mais « peut-être serait-il plus efficace de s’emparer de la question dans sa globalité : aider les seniors au chômage de longue durée à monter des entreprises, leur permettre le passage d’un statut à l’autre, etc. Quelle entreprise voudrait les prendre en alternance ? La difficulté ne sera pas du côté du salarié, mais de l’entreprise ».

Auteur

  • L. G.