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Pays-BasFLEXIBILITÉ DU TRAVAIL : LE PATRONAT RÉTICENT

Pratiques | International | publié le : 09.04.2013 | DIDIER BURG

Alors que les partenaires sociaux négocient sur le projet du gouvernement d’assouplir les licenciements et de réduire les indemnités chômage, certains employeurs eux-mêmes dénoncent le caractère « antisocial » de ces mesures.

Les négociations récemment engagées entre les partenaires sociaux en vue de réformer le marché du travail promettent des surprises de taille. Autour de la table, pour discuter de mesures de relance de l’économie au moment où le royaume connaît un nombre record de faillites d’entreprises et une hausse inquiétante du taux de chômage, les confédérations syndicales doivent notamment se prononcer sur des réformes impopulaires mises à l’ordre du jour par le nouveau gouvernement libéral : assouplissement de la procédure de licenciement et réduction de l’indemnisation du chômage.

Contre toute attente, alors que ces discussions entamées mi-mars s’annonçaient à couteaux tirés, les deux confédérations syndicales, FNV (salariés) et VNO-NCW (patronat), risquent in fine de faire front commun contre les projets du gouvernement. Une nouvelle donne qui provient de la volte-face de grandes entreprises.

Plus facile et moins coûteux

De fait, l’un des principaux chevaux de bataille des employeurs ces dernières années était l’allégement de la procédure de licenciement. « Licencier doit devenir plus facile et moins coûteux », confirme encore aujourd’hui un des porte-parole du VNO-NCW.

Allant dans ce sens, le projet du gouvernement prévoit notamment de supprimer le recours systématique au juge avant tout licenciement, comme dans la législation actuelle. Par ailleurs, dans tous les cas, la prime de licenciement serait ramenée à un demi-mois de salaire par année de service assortie d’un plafond maximal de 75 000 euros.

Quant à l’indemnisation du chômage, la durée du versement des prestations serait réduite d’un tiers (24 mois, contre 38 actuellement). Une mesure pour limiter une partie de l’indemnisation au niveau du RMI est aussi à l’étude. Sachant que le financement de ce régime incombe actuellement en grande partie aux entreprises, le gouvernement comptait sur le soutien sans réserve du patronat. Rien n’est acquis. Ces deux grandes réformes du gouvernement, destinées à assouplir le marché du travail, sont battues en brèche par les entreprises les plus en vue du royaume. Dans la conjoncture actuelle, des groupes comme Ahold, KLM ou Shell estiment le moment mal choisi pour les mettre en place. En substance, ces réformes sont qualifiées d’« antisociales », risquant d’accentuer les difficultés, notamment la situation des travailleurs seniors dont les chances de retrouver un emploi sont minces. Selon une récente enquête du quotidien Het Financieele Dagblad, 67 % des employeurs seraient défavorables à de telles mesures.

Insécurité

« Diminuer les allocations chômage va créer davantage d’insécurité au moment où la consommation est au plus bas », tempère désormais le VNO-NCW. L’opposition a priori paradoxale d’une partie des employeurs n’est pourtant pas illogique. En effet, l’environnement moins contraignant qu’ils prônaient pour mettre fin au contrat de travail devait dans un second temps leur permettre d’embaucher plus facilement.

Seulement, aujourd’hui, nombre d’employeurs ont remisé leurs plans de recrutement. Le projet de loi n’est plus équilibré à leurs yeux. « Il est rassurant de voir que certains patrons ne sont pas partisans d’écourter la période d’indemnisation du chômage au moment où il faut que les emplois flexibles présentent davantage de sécurité », renchérit un représentant du FNV.

Quant à la mise en place de postes réservés aux travailleurs handicapés dans toutes les entreprises employant plus de 25 salariés, comme souhaité par le gouvernement, les employeurs ne veulent pas en entendre parler. Gardant ses distances sur ce chapitre, le FNV craint cependant que nombre de PME s’affranchissent de ces obligations en cas de passage en force du texte. Les partenaires sociaux ont prévu de présenter un accord en bonne et due forme au gouvernement le 1er mai – un jour non férié aux Pays-Bas. Il ne sera peut-être pas tout à fait conforme à la réforme annoncée.

Auteur

  • DIDIER BURG