Depuis le début du 19e siècle, les économistes ne semblent jurer que par l’avantage que chaque pays aurait à se spécialiser dans les produits pour lesquels il détient la meilleure compétitivité du travail. Chacun, grâce à l’échange avec les autres, bénéficiera des meilleurs produits au meilleur prix.
Le problème, selon les auteurs, tous 3 journalistes, est que cette théorie n’a peut-être jamais été tout à fait exacte. Les fameux avantages comparatifs sont en fait hautement fluctuants du fait de l’arrivée constante de nouveaux concurrents sur le marché international. La libéralisation des flux de capitaux les rend très volatiles puisque les entreprises internationales peuvent sans cesse déplacer leurs investissements, faisant jouer à la baisse les coûts du travail au plan mondial. Les pays européens sont en train de le payer cher, qui semblent cumuler les « désavantages comparatifs »: coût du travail, protection sociale, législation contraignante, monnaie forte, etc. Sauf à renoncer à toute protection sociale et environnementale, il est désormais impossible, et pour très longtemps sans doute, de rivaliser avec les pays émergents.
Les auteurs prônent un inévitable retour au protectionnisme pour sauver ce qui peut l’être de la démocratie, c’est-à-dire résister à l’hégémonie destructrice de la logique marchande. Une théorie iconoclaste mais qu’ils argumentent de manière convaincante.
Inévitable protectionnisme
F. Dedieu, B. Masse-Stamberger et A. de Tricornot, Gallimard, 256 pages, 17,65 euros.
