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Le télétravail sauvage va continuer à se développer

Actualités | L’INTERVIEW | publié le : 13.03.2012 | EMMANUEL FRANCK

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Le télétravail sauvage va continuer à se développer

Crédit photo EMMANUEL FRANCK

E & C : L’Obergo a publié, le 9 mars, en partenariat avec la CFDT Cadres, une étude réalisée auprès de télétravailleurs salariés dans des entreprises*. Sont-ils satisfaits de leur qualité de vie ?

Y. L. : Leur qualité de vie s’améliore, mais leur charge de travail et le temps qu’ils y consacrent augmentent. C’est le paradoxe auquel ils sont confrontés. Ainsi, 90 % disent que le télétravail a amélioré leur vie personnelle et 84 % leur vie familiale. Notons que les salariés qui ont répondu sont à 80 % des télétravailleurs ayant demandé cette organisation et en sont donc a priori satisfaits. Cela dit, 64 % expliquent que l’amélioration de leur qualité de vie a pour contrepartie une augmentation de leur temps de travail. En outre, 35 % disent que le télétravail leur coûte financièrement, et ce d’autant plus qu’il n’est pas prévu dans leur contrat ou dans un accord d’entreprise.

E & C : Le télétravail est-il généralisable ?

Y. L. : Non. Le salarié doit réunir plusieurs conditions : occuper un emploi “télétravaillable” ; aimer travailler seul ; avoir une famille télétravail-compatible ; télétravailler à temps partiel (ne pas dépasser trois jours par semaine) ; être couvert par un contrat ou un accord… De son côté, l’entreprise doit être convaincue que l’amélioration de la qualité de vie des salariés améliore leur productivité ; avoir confiance en son salarié ; négocier un accord…

E & C : Le télétravail a fait son entrée dans le Code du travail à la suite de la loi de simplification du droit votée le 29 février. Que cela va-t-il changer ?

Y. L. : Pas grand chose. Des entreprises qui hésitaient à s’engager se sentiront peut-être davantage sécurisées. Mais la loi, par ailleurs attaquée devant le Conseil constitutionnel, ne répond pas à l’enjeu principal qui est de basculer du télétravail gris au télétravail contractuel. En effet, la loi ne reprend pas certaines dispositions de l’accord interprofessionnel de 2005, dont celle d’inscrire les télétravailleurs au registre du personnel. Les représentants du personnel ne seront donc pas en mesure de savoir qui est dans cette situation et le télétravail sauvage va continuer à se développer. Or, c’est dangereux pour les salariés comme pour les employeurs. Incidemment, il n’y aura pas de dénombrage possible. Si vous me demandez, dans deux ans, combien de salariés télétravaillent, je ne pourrai pas vous répondre, tout comme aujourd’hui.

* 350 salariés télétravailleurs ont répondu à un questionnaire en ligne entre mai 2011 à février 2012 ; 14 ont été entendus en entretien.

Auteur

  • EMMANUEL FRANCK