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UNE CONSTRUCTION TOUJOURS ANNUELLE

Enquête | publié le : 20.09.2011 | L. G.

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UNE CONSTRUCTION TOUJOURS ANNUELLE

Crédit photo L. G.

Le plan de formation reste un exercice annuel de réponse aux besoins les plus pressants, dans lequel monte en puissance le management au sens large.

Où en sont la construction du plan de formation et son financement ? Côté financement, le montant des dépenses de formation en 2009 par rapport aux trois dernières années était stable pour 51 % des répondants ; en augmentation dans 27 % des cas et en diminution pour 22 %.

« Ces chiffres sont cohérents avec d’autres études, constate Dominique Camusso, secrétaire général du Garf. Mais ils n’expriment pas tout l’effort réel, car, au cours des dernières années, les cofinancements d’Opca via les périodes de professionnalisation ont été très faciles : on a ainsi pu avoir un effort pédagogique comparable avec jusqu’à moins 25 % de budget hors Opca ! »

« Finalement, les budgets hors Opca sont assez stables : 20 % étaient en baisse en 1996, 15 % en 2005, et 22 % aujour­d’hui. En revanche, l’investissement formation n’a pas baissé grâce aux Opca : nous récupérons environ 80 % de ce que nous leur versons », confirme Véronique Radiguet, membre du bureau du Garf.

Nouvelle complexité financière

Côté structuration, le plan reste une construction annuelle dans 88 % des cas. « Dans les années 2000, le débat sur la pluriannualité était important, se souvient Véronique Radiguet. Mais finalement, un plan triennal n’a pas beaucoup de sens vu l’incertitude qui pèse sur les entreprises, et vu que tout est fait pour que ce soit annuel : sa fiscalité, les rendez-vous avec les IRP… En revanche, des programmes se reconduisent d’une année sur l’autre. » Elle poursuit : « Le plan reste dans une logique de réponses très opérationnelles, mais les dernières réformes nous ont obligés à travailler davantage sur les populations sensibles : la nouvelle complexité financière pousse à la diversification des populations et des modalités de formation. Parallèlement, les salariés sont beaucoup plus informés qu’il y a ne serait-ce que cinq ans ; nous obligeant à offrir davantage de conseil et de montage spécifique. »

« Le plan est annuel, mais tout dépend comment on joue avec, analyse Dominique Camusso. Il peut être glissant : les constats de décembre ne sont pas différents en janvier. D’autant qu’il s’agit davantage d’adaptation que de GPEC, comme le montre l’étude. Faut-il supprimer l’obligation fiscale annuelle ? Je ne suis pas pour, car une fois qu’elle est posée, on a au moins l’obligation d’en parler. »

L’usage d’un catalogue interne des actions offertes existe dans 49 % des cas. En revanche, pas de catalogue spécifique DIF dans 74 % des cas ; on peut penser que le second est contenu dans le premier. Néanmoins, 21 % de catalogues spécifiques DIF montrent que le sujet est souvent pris au sérieux. « Après une baisse de la logique du catalogue, j’ai l’impression qu’elle va refleurir, prévoit Dominique Camusso. Dans les cas de gestion centralisée, une multitude de prescripteurs de formation – cadres, chefs d’équipe… – devront être aidés. Finalement, un catalogue bien fait, ce n’est déjà pas si mal. »

Enfin, en termes de contenus, la thématique privilégiée au cours des trois dernières années a été le management (21 %). « Mais pas au sens unique de gestion des hommes, prévient Dominique Camusso. Sont reportées dans le mot “management” toutes sortes d’activités tenues par d’autres auparavant ! C’est du transfert de gestion budgétaire, de suivi d’entretien individuel, de suivi de présence… ». « Cela témoigne aussi de la montée du réglementaire », confirme Véronique Radiguet.

La formation, un objet délaissé par la négociation sociale ?

Aucun accord formation n’est signé dans les entreprises entre la direction et les IRP (dans 75 % des réponses); et ces derniers restent simplement associés à la préparation du plan par une simple consultation (pour 92 % des répondants): la co-construction reste rarissime. La formation professionnelle continue serait-elle un objet de négociation sociale délaissé ? « Cela me semble excessif, commente Béatrice Degrotte, membre du bureau du Garf et ex-directrice de formation en milieu bancaire. Certes, les IRP n’ont statutairement pas de pouvoir de décision, mais ils exercent une pression beaucoup plus sensible qu’il y a quelques années, sous la double influence de la réforme de 2004 et du contexte de plus en plus fréquent de restructuration d’entreprise. Les écrits des différents syndicats sur la formation étaient peu nombreux et peu marquants, ils traduisent désormais des positions plus volontaristes, et spécifiques à chaque syndicat. »

Béatrice Degrotte, membre du bureau du Garf

Auteur

  • L. G.