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ÉLECTRICITÉ DE STRASBOURG ADOPTE SA DÉFINITION DU MIEUX-VIVRE AU TRAVAIL

Pratiques | publié le : 30.08.2011 | CHRISTIAN ROBISCHON

Un accord signé par tous les syndicats du fournisseur d’électricité et de gaz de Strasbourg s’appuie sur des indicateurs destinés à mesurer au mieux les risques psychosociaux, les conditions de travail et son organisation.

Paraphé fin mai 2011 pour une durée indéterminée par les cinq organisations syndicales d’Électricité de Strasbourg (ES), l’accord est commun aux quatre filiales qui forment le groupe ES, lui-même filiale d’EDF. Il concerne un peu plus de 1 000 salariés, le seuil fixé par le gouvernement pour exhorter les entreprises à la négociation sur le stress au travail. « Mais formellement, nous n’y étions pas tenus car chacune des sociétés emploie moins de 1 000 personnes. La démarche est volontariste », souligne le DRH Jean-Claude Mutschler.

Objectivation des risques

Intégrer les risques psychosociaux (RPS) ne semblait pas une nécessité impérieuse à la direction, qui souligne l’absence de contentieux ou de « situation particulière » ainsi que le traitement « à titre préventif » depuis plusieurs années, notamment par une formation des managers. Mais elle s’accorde avec les syndicats pour estimer que, s’il n’avait pas abordé les RPS, le texte aurait été vidé d’une bonne partie de son sens.

Les partenaires sociaux ont cherché à objectiver ces risques. Reprenant les définitions du harcèlement, du stress et de la violence au travail inscrites dans les accords interprofessionnels, ils ont énuméré des exemples concrets de cause possible : pression pour tenir les objectifs et les délais, agressions physiques et verbales, monotonie des tâches ou à l’inverse changements brusques d’organisation.

Ils ont par la suite retenu une batterie d’indicateurs. Parmi ceux qui sont déjà mesurés figurent le taux d’absentéisme (3,23 % en 2010), la durée des absences, dont celles de moins de deux jours dispensées de justification médicale et considérées comme un révélateur de ras-le-bol (27,65 % des absences l’an dernier). L’accord introduit une nouvelle donnée : la proportion de services qui organiseront au moins une réunion par an sur les conditions et l’organisation du travail.

De plus, le texte prévoit que, sans attendre les accidents alimentant le taux de fréquence, l’entreprise s’attachera aux points d’alerte en amont : le registre des agressivités et incivilités, les accidents bénins, les presqu’accidents (89 en 2010), les appels au médecin du travail sur les RPS.

Ces données quantitatives seront croisées avec les conclusions, d’ordre qualitatif, du baromètre social interne actualisé tous les deux ans et du questionnaire Evrest* sur les RPS. Un ensemble d’informations qui débouche sur dix types d’actions dominées par la communication de la stratégie d’entreprise, les conditions et l’organisation du travail. En émergent l’aménagement d’espaces de convivialité, l’équilibre vie privée-vie professionnelle et la « bonne utilisation de la messagerie électronique », afin de stopper les abus de coups de fil à la maison ou les tombereaux de mails superflus.

La CGT a pesé le pour et le contre avant d’apposer son paraphe : « Nous pourrons nous appuyer sur l’accord pour appeler la direction à ses engagements. Et agir de l’intérieur : nous attendons que cesse l’ambiance de pression. Le fait de devoir consigner par écrit une évidence, comme l’échange entre collègues, est révélateur », estiment Nicolas Trappler et Christiane Blass, délégués CGT.

Le principal syndicat, FO, adopte une posture de vigilance positive : « L’accord n’est pas la panacée qui réglera tout d’un coup de baguette magique. Pour qu’il prenne toute sa portée, il faudra le faire vivre », commente son responsable André Lebrot. Aux CHSCT, chargés du suivi, de jouer.

* Ce questionnaire permet de produire et de suivre des indicateurs quantitatifs élaborés à partir de données recueillies lors des consultations de médecine et de santé au travail.

Auteur

  • CHRISTIAN ROBISCHON