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Plus d’un tiers des salariés a bénéficié du DIF

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 21.06.2011 | LAURENT GÉRARD

Depuis 2008, DSI, une entreprise adaptée qui emploie 400 salariés dont 83 % de travailleurs handicapés en production, a fait partir en DIF 30 % d’entre eux. La responsable formation de DSI ne trouve que des avantages au droit individuel à la formation.

Droit individuel à la formation et personnels handicapés : y a-t-il une recette particulière pour faire bénéficier les seconds du premier ? Pas plus que pour des personnes valides : information, motivation, financements mutualisés sont les clés du succès, répond Laurie Courant, responsable formation de l’entreprise adaptée DSI, pour Distribution Services Industriels, dont le siège est à Blagnac (8 sites en France dont un à Bordeaux et un autre à Paris). Elle emploie aujourd’hui environ 400 salariés, dont 83 % de travailleurs handicapés en production (85 % si on compte ceux travaillant dans les services et l’administration), et a réalisé un chiffre d’affaires de 16 millions d’euros en 2010.

Ce prestataire de services intervient aussi bien dans le domaine de l’imprimerie offset et numérique que dans les espace verts, l’industrie et la logistique, mais il est surtout très présent dans le domaine bureautique (saisie informatisée de déclarations unilatérales d’embauche pour une Urssaf, saisie et gestion des réclamations clients SNCF…) et ses annexes (prépresse, PAO, mailing, archivage…).

« Bien qu’elle soit composée de plus de 80 % de travailleurs handicapés en production, DSI est pourtant une entreprise du milieu ordinaire et non du milieu protégé, explique Laurie Courant. Mais c’est une entreprise plus souple que les autres, car elle doit gérer des contre-indications médicales nombreuses, qui impliquent des aménagements de poste et de temps de travail importants. Dans cette configuration, la formation professionnelle est très importante. Nos marchés étant à durée limitée, le développement des compétences et de l’employabilité est un facteur indispensable au maintien dans l’emploi. DSI est toujours au dessus de l’obligation légale en termes de financement. De plus, elle ne compte dans ses dépenses imputables ni les salaires ni les éléments logistiques. Autres spécificités : par la force des choses, nous ne faisons que des formations qui prennent en compte les précautions médicales nécessaires à chacun, et elles ne sont délivrées que sur le temps de travail. »

105 DIF accordés en 2010

Pour autant, jusqu’à il y a trois ans, le DIF était délaissé. « Je suis arrivée dans l’entreprise fin 2007, et assez peu avait été fait sur le DIF : peu de communication, 2-3 demandes au total. Nous avons donc d’abord fait un gros travail d’information des managers et des salariés, et nous l’avons répété chaque année. Surtout, nous l’avons intégré dans l’entretien annuel d’évaluation et nous le connectons au plan de formation de l’entreprise. Il a fallu le temps nécessaire de la maturation, puis ça a été l’explosion en 2010. »

L’explosion, c’est un taux de départ en DIF de 30 % des salariés ! Cent quarante-sept demandes de DIF ont été acceptées depuis 2008, dont 105 pour la seule année 2010.

Ces DIF sont en lien avec les métiers de l’entreprise, surtout la bureautique, mais ils portent aussi sur des bilans de compétences, des habilitations Caces, de l’anglais, et même un bac préparé par correspondance ! Cette réalisation 2010 a d’ailleurs été saluée par une récompense lors des Trophées du DIF organisés par Demos en début d’année 2011.

Cette politique a également été facilitée par le fait que les travailleurs handicapés sont prioritaires en termes de traitement et d’accès à la formation pour l’Opca partenaire de DSI, Opcalia, et par le fait que ce dernier cofinance à hauteur de 31 % les frais pédagogiques engendrés. Il n’empêche, malgré cette aide financière non négligeable, 70 % des coûts pédagogiques restent autofinancés par l’entreprise, de même que 100 % des frais annexes et salaires !

DSI a également bénéficié d’un cofinancement FSE qui lui a permis de doubler son effort (salaires compris). Au final, Laurie Courant estime que « le DIF, c’est du plus pour former les salariés. Nos demandes à Opcalia sont systématiquement acceptées ! ».

Si l’impulsion du DIF a été clairement donnée chez DSI, il n’en reste pas moins que les heures accumulées dans les compteurs sont encore en nombre important. Ainsi, la responsable formation estime qu’environ 10 000 heures de DIF étaient capitalisées en début de l’année 2010, et que seules 1 000 d’entre elles ont été consommées au cours de cette même année, pourtant faste en termes d’accès au DIF.

La responsable formation aimerait bien atteindre en 2011 un objectif de 50 % d’accès à la formation tous les ans, mais elle l’estime difficile sans cofinancement FSE, or celui-ci n’est pas certain. DSI tentera également d’être éligible à l’appel à projets sur le socle de compétences du FPSPP. En revanche, aucune demande de DIF portable n’a été formulée auprès de DSI, bien que les salariés concernés en soient informés.

LES DATES CLÉS DE DSI

Novembre 1994 : création de DSI.

Janvier 1996 : agrément atelier protégé et embauche du premier salarié.

2008 : Prix de l’entrepreneur social remis au Pdg Jean-Louis Ribes par Martin Hirsch, haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté.

2010 : près de 400 salariés, pour un chiffre d’affaires de 16 millions d’euros.

2011 : Trophées de bronze du DIF Demos.

Auteur

  • LAURENT GÉRARD