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Enquête

« Il ne faut pas s’engager dans le télétravail ad vitam »

Enquête | L’entretien avec | publié le : 07.12.2010 | E. F.

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« Il ne faut pas s’engager dans le télétravail ad vitam »

Crédit photo E. F.

E & C : Que vous inspire l’approche du télétravail mise en place par Hewlett-Packard ou par Oracle ?

Y. L. : Les accords signés dans ces entreprises ont en commun de prévoir le télétravail à la demande de l’employeur. Ils diffèrent dans les contreparties financières le cas échéant, celles d’HP étant plus intéressantes. L’un et l’autre n’envisagent le télétravail que sur la base du volontariat et de la réversibilité, comme l’exige l’accord national interprofessionnel sur le télétravail de 2005.

Cependant, je m’interroge sur l’efficience de ces deux principes fondamentaux. En effet, comment les salariés pourraient-ils abandonner le télétravail pour revenir à une organisation classique si les bureaux ferment ? De même, si tous les télétravailleurs changent d’avis au bout de quelques mois, comment l’entreprise fera-t-elle pour revenir à la situation antérieure ? Quant au volontariat, il me semble remis en cause dès lors que l’entreprise propose des avantages financiers.

E & C : Le développement de ce genre d’accords serait donc plutôt une mauvaise nouvelle ?

Y. L. : Je crains effectivement que les entreprises ne fassent des accords de télétravail séduisants, qui seront ensuite utilisés pour mettre en place des plans sociaux déguisés. Cela dit, rien n’indique pour le moment que les entreprises françaises prennent cette direction.

E & C : En attendant, les salariés ont l’air satisfaits, comme les entreprises et les syndicats…

Y. L. : Il est vrai que je n’ai pour le moment rencontré aucun salarié qui souhaite quitter le télétravail pour revenir à la situation antérieure. Mais les télétravailleurs actuels sont en majorité des cadres 100 % volontaires, ce qui ne sera plus le cas demain.

Cela dit, le télétravail peut paraître séduisant dans un premier temps : le salarié réduit son temps de transport, reçoit un peu d’argent. Mais s’il veut revenir en arrière ? Ainsi, nous nous sommes aperçus à l’occasion du rapport de l’Obergo sur le télétravail qu’un quart des salariés se sont, à l’occasion de leur passage en télétravail, éloignés de leur lieu de travail, notamment pour s’acheter une maison individuelle. Pourront-ils revenir en arrière lorsqu’ils décideront par exemple de progresser dans la hiérarchie ?

Le télétravail volontaire et réversible n’est pas un problème. Mais il ne faut pas s’engager dans le télétravail ad vitam.

Auteur

  • E. F.