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Pacte du pouvoir de vivre : le discret retrait de la CFTC et de l'Unsa

Dialogue social | publié le : 25.03.2022 | Judith Chetrit

Pouvoir de vivre

Sur le site du Pacte du pouvoir de vivre, les logos de la CFTC et de l’UNSA ont disparu de la liste des membres. Pourtant, en 2019, aux côtés de la CFDT, la fondation Abbé Pierre, le Secours catholique ou encore ATD Quart-Monde, les deux organisations syndicales réformistes faisaient partie d’une première vague de dix-neuf organisations de la société civile à s’engager ensemble pour répondre à l’urgence sociale, écologique et démocratique. Depuis, cette coalition s’est élargie à une soixantaine d’acteurs et a formulé une liste de quatre-vingt-dix propositions sur des thèmes variés comme le logement, l’énergie, l’alimentation ou les inégalités afin d’interpeller les candidats à la présidentielle et de nourrir le débat public. Ce sont précisément l’approche de cette échéance et la rédaction de mesures plus spécifiques qui ont conduit, de manière non concertée, la CFTC et l’Unsa à prendre leurs distances. “Personne n’est fâché avec personne”, désamorce d’emblée Christophe Dague, le coordinateur du pacte du pouvoir de vivre et secrétaire confédéral CFDT.

Une mise de côté provisoire? Un retrait définitif? Un désaccord plus marqué? Difficile de retracer le contexte de cette décision, d’autant plus qu’il diffère légèrement pour les deux syndicats. Côté CFTC, où la décision a été prise en début d’année, le président, Cyril Chabanier, estime partager encore le diagnostic et "les grandes orientations du début du pacte”, moins certaines propositions comme celle d’un revenu minimum garanti aux jeunes dès 18 ans ou le mix énergétique 100 % renouvelable d’ici à 2030. La crainte donc d’un “mélange entre une position politique et une position sociétale” qui les éloignerait de leur cœur de revendications syndicales et de leur “devoir de neutralité” avant une élection. Pour le secrétaire général de l’Unsa, Laurent Escure, "le fait d’aboutir à une base quasi-programmatique avec quatre-vingt-dix propositions nous mettait en difficulté", d’où leur "suspension" de participation. En clair, quand certains sujets dépassent le champ stricto sensu du syndicalisme, il faut un débat et une participation encore plus poussée en interne. Dans les deux organisations, l’information a été transmise aux militants qui s’étaient réunis dans une trentaine de groupes locaux. "Rien ne les empêche de poursuivre à titre personnel d’agir dans ce cadre”, précise Laurent Escure.

Derrière ce repli à pas feutrés, c’est finalement l’élargissement des sujets d’expertise et du champ d’action du syndicalisme qui est en jeu. Si la transformation sociale est au cœur du pôle réformiste, le discours de la méthode pour aboutir au consensus et au front collectif avec d’autres organisations de la société civile est encore à affiner, d’autant plus que le Pacte du pouvoir de vivre compte bien continuer à accroître les travaux et les prises de paroles communes sur le long terme.

 

Auteur

  • Judith Chetrit