Les grandes entreprises sont demandeuses d’appui pour améliorer le climat social et prévenir les risques judiciaires. Un marché pour les cabinets conseil en ressources humaines.
Ce n’est pas une révolution. Plutôt une évolution lente, un mouvement de fond avec des hauts et des bas. Mais cela commence à se voir dans les résultats de certains cabinets de conseil en ressources humaines. La demande d’aide des entreprises pour préparer et mener une négociation sociale est en croissance. Chez Adeios, un petit cabinet parisien, Jean-Claude Ancelet revendique une augmentation de 15 % de son chiffre d’affaires (3 millions d’euros) sur ce type de mission.
Les structures plus importantes, comme Alixio, DS et O (filiale d’Entreprise et Personnel) ou Algoé Consultants, notent également une montée des préoccupations des grandes entreprises dans ce domaine. « Les dirigeants prennent conscience que le dialogue social ne peut plus fonctionner comme avant. Au-delà des conseils ponctuels sur une négociation, ils souhaitent réfléchir à une évolution du contrat social avec les salariés », affirme Philippe Vivien, directeur général d’Alixio.
Sujets qui montent
Ex-secrétaire nationale CFDT, aujourd’hui senior manager chez Alixio, Laurence Laigo voit dans la crise la raison de cette nouvelle appétence pour le dialogue social. « La conjoncture est difficile. Les dirigeants ont besoin de la compréhension des syndicats, notamment pour faire accepter un accord de compétitivité », analyse-t-elle.
Jean-Claude Ancelet parle, lui, de la nécessité d’« embarquer le corps social. Parce que l’implication des salariés fait la différence. Il s’agit aussi d’éviter les risques judiciaires ». Ce point de vue est nuancé par Jean-François Carrara, directeur associé chez Algoé Consultants. « Certes, les directions ont pris conscience de la nécessité d’un climat social apaisé pour être performant.
Mais il y a aussi des sujets qui montent, soit parce que la législation a évolué, soit parce que les entreprises souhaitent se réorganiser. Les négociations portent sur la qualité de vie au travail, les risques psychosociaux et même le temps de travail. »
Analyse sociologique fine
Pour autant, il est aussi question d’évolution des mentalités. Avant de se lancer dans une réorganisation ayant des implications en termes d’organisation ou de management, les dirigeants sont désormais enclins à solliciter un consultant. Objectif, avoir une analyse sociologique fine pour bien comprendre ce que les salariés sont prêts à accepter. Et ce qu’ils refuseront mordicus.
Ce sont surtout les grandes entreprises qui font appel à ces prestataires. « Pour poser les vrais sujets sur la table de négociations, il faut instaurer un climat de confiance, laisser le temps aux interlocuteurs syndicaux de se préparer et utiliser une méthode rigoureuse », explique Philippe Vivien. À en croire les consultants, les esprits seraient mûrs pour sortir des postures et oublier les effets de manches.