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Revenus : plus de 4 millions de personnes avec 1.097 euros par mois ou moins

Rémunérations | publié le : 24.04.2024 | Gilmar Sequeira Martins

Shrinking Wealth

Très majoritairement, les travailleurs à bas revenus d’activité sont des femmes (63 %, c. 49 % pour l’ensemble des travailleurs) et plus souvent des employés (42 % c. 24 % pour l’ensemble).

Crédit photo kentoh/Adobe Stock

Plus de 4 millions de travailleurs perçoivent un bas revenu d’activité, soit 1.097 euros net mensuel ou moins. Une étude de la Dares livre des données sur les métiers qui concentrent cette catégorie de salariés et leurs conditions de travail.

Combien de personnes perçoivent un revenu d’activité inférieur à 1.097 euros mensuels nets, soit moins de 60 % du revenu d’activité médian de l’ensemble des travailleurs ? Une étude de la Dares publiée en avril1 estime qu’ils représentaient 16 % du total en 2018, soit 4,3 millions de personnes. Très majoritairement, les travailleurs à bas revenus d’activité sont des femmes (63 %, c. 49 % pour l’ensemble des travailleurs) et plus souvent des employés (42 % c. 24 % pour l’ensemble).

Contre toute attente, les artisans, commerçants, chefs d’entreprise sont également surreprésentés (+ 6 points), de même que les ouvriers (+ 4 points) et les agriculteurs (+ 3 points). Ces personnes sont également moins diplômées (26 % sont faiblement ou pas diplômées, soit 12 points de plus par rapport à l’ensemble des travailleurs) et 52 % sont dans le meilleur des cas titulaires du Bac, soit 8 points de plus que l’ensemble.

Création en 2009 du régime « autoentrepreneur »

Si l’étude relève que la proportion de travailleurs à bas revenus d’activité reste stable à 16 % entre 2007 et 2018, elle a fortement progressé dans deux catégories : 

  • les étrangers, avec une hausse de 17 points, qui culmine à 39 % en 2018 ;
  • et les artisans et commerçants, avec une hausse de 7 points qui a pour résultante que 33 % d’entre eux ont, en 2018, un revenu d’activité inférieur à 1.097 euros mensuels nets.

Pour expliquer une telle progression, l’étude de la Dares met en avant l’instauration en 2009 du régime de l’autoentrepreneur, qui « peut contribuer à cette évolution au cours de la période, avec un développement de ce statut parmi les jeunes, qui perçoivent plus fréquemment de faibles revenus d’activité et sont le plus souvent artisans ». Une autre catégorie voit aussi sa situation se dégrader, celle des ouvriers, pour qui la part de travailleurs à bas revenus augmente de 5 points entre 2007 et 2018.

 

La structure de l’activité des travailleurs à bas revenus se distingue de la totalité de leurs homologues. Plus du quart (27 %) d’entre eux ne sont en emploi qu’une partie de l’année, alors que ce n’est le cas que de 9 % de l’ensemble. Ils ne sont que 51 % à être salariés chaque mois de l’année (c. 80 % pour l’ensemble) et, lorsqu’ils le sont, le temps partiel est nettement plus fréquent parmi eux. C’est le cas pour près des deux tiers d’entre eux et ils représentent 32 % de l'ensemble des travailleurs à bas revenus, soit bien plus que parmi les travailleurs qui sont salariés sur toute l’année (12 %). Le statut d’indépendant tout au long de l’année est également plus répandu chez les travailleurs à bas revenus (20 % c. 10 % pour l’ensemble des travailleurs), plus particulièrement chez les hommes.

Professions intermédiaires aussi

Les travailleurs à bas revenus d’activité constituent plus de 20 % des effectifs dans 10 métiers. C’est chez les aides de ménage que cette catégorie est la plus élevée (50 %), qui dépasse de peu celle des assistants de fabrication de l’alimentation (48 %). En troisième position arrive la catégorie du personnel soignant (aides-soignants en institution et à domicile, aides-enseignants et gardes d’enfants), qui compte 38 % de travailleurs dont le revenu d’activité est inférieur à 1.097 euros mensuels nets.

Si les métiers concernés exigent généralement un niveau de formation initiale égal ou inférieur au secondaire, une catégorie fait exception : celle des professions intermédiaires des services juridiques, des services sociaux et assimilés, correspondant à un niveau d’enseignement supérieur de cycle court. Trois points communs se retrouvent parmi ces métiers :

  • aucun ne peut s’exercer à distance ;
  • ils ont contribué aux tâches nécessaires à la continuité du fonctionnement de l’économie pendant la crise sanitaire ;
  • et leurs conditions de travail sont moins favorables que celles en vigueur dans l’ensemble du secteur privé.

L’étude souligne que le temps partiel constitue un risque supplémentaire de se retrouver parmi les personnes percevant un revenu d’activité inférieur à 1.097 euros mensuels nets, surtout pour ceux qui exercent des métiers à faible rémunération. Ainsi, parmi les 20 % des métiers les moins bien rémunérés, ce sont 63 % des salariés chaque mois à temps partiel qui perçoivent des bas revenus d’activité.


(1) Étude de la Dares, par Noémie Le Toullec, publiée le 18 avril 2024 : Qui sont les travailleurs à bas revenus d’activité et quelles sont leurs situations sur le marché du travail ?

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins