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« Il faut une autre méthode pour après » (Geoffroy Roux de Bézieux, Medef)

Retraites | publié le : 05.04.2023 | Gilmar Sequeira Martins

« Il faut une autre méthode pour après » (Geoffroy Roux de Bézieux, Medef)

« Il faut une autre méthode pour après » (Geoffroy Roux de Bézieux, Medef)

Crédit photo jef 77 / Adobe stock

Le soutien du Medef à la réforme des retraites ne faiblit pas. Son dirigeant, Geoffroy Roux de Bézieux, en poste depuis 2018 et dont le successeur sera élu en juillet, l’a encore exprimé le mardi 4 avril. S’il regrette qu’elle soit « douloureuse et compliquée à expliquer », il la considère malgré tout comme « indispensable » puisqu’il faut « augmenter la quantité de travail disponible ». Pour autant, il concède que « la méthode n’est pas bonne » et qu’il faut en changer « pour après ». Pourquoi ? Il cite d’emblée « la colère des Français » et précise qu’elle va « au-delà » de la question des retraites. Il a mis en avant les discussions dans les entreprises autour des salaires, qui tout en ayant été « compliquées », n’ont débouché que très marginalement sur des mouvements de grève.

Alors que faire « pour après » ? Geoffroy Roux de Bézieux propose à la Première ministre de s’inspirer de l’accord sur la valeur partagée, signé en février par la CFDT, la CFTC, Force ouvrière et la CFE-CGC. Le dirigeant du Medef y voit un signe : « C’est la première fois depuis 1945 que, pendant un mouvement syndical majeur, syndicats et patronat arrivent à se parler sans bruit, sans fureur et sans éclats de voix. » C’est, selon lui, « la bonne méthode à utiliser ».

Sera-t-il entendu ? Rien n’est moins sûr. La rencontre entre Élisabeth Borne et les organisations syndicales, le mercredi 5 avril, à Matignon, semble écarter toute issue à la situation actuelle. La Première ministre a en effet refusé tout net de retirer la loi de réforme des retraites. S’exprimant au nom de l’intersyndicale, le président de la CFTC, Cyril Chabanier, a évoqué « une décision grave ». Il a aussi exprimé le refus de « tourner la page » pour ouvrir « d’autres séquences de concertation » sur des dossiers comme le plein-emploi ou le partage des richesses. Laurent Berger, dirigeant de la CFDT, a de son côté souligné que le pays vivait « une grave crise démocratique » et appelé le Conseil constitutionnel à « entendre » que « notre démocratie a besoin d’apaisement », précisant qu’il souhaitait que le texte ne s’applique pas.

Quant à la nouvelle dirigeante de la CGT, Sophie Binet, ancienne secrétaire générale de l’UGICT-CGT, une structure dédiée aux cadres et aux techniciens, elle a voulu marquer ses débuts à la tête de la centrale de Montreuil avec des propos très offensifs. Qualifiant le Gouvernement de « radicalisé, obtus et déconnecté », elle a ajouté que l’exécutif « porte la responsabilité du désordre ». À l’issue de la rencontre, Élisabeth Borne a réitéré sa « conviction de la nécessité de [la] réforme » et indiqué qu’elle « n’envisage pas d’avancer sans les partenaires sociaux », mais sur d’autres sujets. Des propos qui résonnent étrangement et masquent mal une forme de fuite en avant qui rend très hypothétique l’arrivée de cet « après » tant attendu par le dirigeant du Medef. La XIe journée de mobilisation contre la réforme des retraites prévue aujourd’hui, le jeudi 6 avril, permettra d’estimer si cette possibilité relève d’une réalité encore accessible ou déjà de la chimère.

 

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins