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Le CPF coconstruit à la rescousse des plans de formation des entreprises

Formation | publié le : 14.01.2024 | Benjamin d'Alguerre

Le CPF coconstruit à la rescousse des plans de formation des entreprises

Le CPF coconstruit à la rescousse des plans de formation des entreprises.

Crédit photo Irshaad Majal/peopleimages.com/Adobe stock

C’est une tendance qui émerge. Pour faire face aux carences de financements extérieurs, les entreprises misent de plus en plus sur le CPF coconstruit, indique le second baromètre Lefebvre Dalloz de la formation professionnelle. Mais la pratique reste encore peu encadrée par des accords collectifs.

Longtemps boudés par les entreprises, les plans de développement de compétences coconstruits entre employeurs et salariés grâce au CPF de ces derniers ont-ils enfin le vent en poupe ? C’est ce que semblent indiquer les résultats du deuxième baromètre de la formation professionnelle publié en fin de semaine dernière par l’organisme de formation Lefebvre Dalloz Compétences1 après une enquête réalisée entre les mois de mai et d’août 2023 auprès de 883 actifs.

43 % des budgets formation stagnent, 21 % reculent

Il faut dire que la réforme « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » de 2018 a asséché les ressources mutualisées disponibles pour les entreprises de plus de 50 salariés ou celles dont les branches ont signé des accords pour garantir certaines contributions conventionnelles supplémentaires versées à leur Opco. Les premières années d’application des nouveaux circuits de financement de la formation se sont d’ailleurs traduites par un écroulement des budgets formation des entreprises. Aujourd’hui, face aux besoins, celles-ci entendent réinvestir… mais en cherchant désespérément de nouvelles ressources extérieures pour muscler financièrement leurs plans de développement des compétences ! Car si dans 36 % des cas, les enveloppes débloquées par les directions sont en augmentation, elles stagnent dans 43 % d’entre elles et diminuent même dans 21 % des cas ! Dans ces conditions, toutes les ressources extérieures deviennent d’autant plus précieuses.

Le CPF co-abondé, première source extérieure de financement

41 % des responsables formation trouvent donc dans le CPF des salariés une solution de financement pour leurs plans de développement des compétences. Bien avant le FNE-Formation (14 %), le projet de transition professionnelle (17 %) ou le dispositif de promotion ou de reconversion par l’alternance Pro-A (14 %). Quant aux ressources « autres » – qu’il s’agisse, par exemple, des fonds venus des Opco ou des fonds d’assurance-formation – elles sont sollicitées par 40 % des directions formation. Mais de façon irrégulière en fonction de la branche – et donc de l’opérateur de compétences – de rattachement de l’entreprise. D’une manière générale, 63 % des responsables formation jugent que leur Opco n’est pas au rendez-vous sur le plan financier, mais ces chiffres sont à relativiser en fonction des secteurs. Dans l’industrie, l’accompagnement de l’Opco satisfait 78 % des sondés. C’est moins le cas dans la finance, la banque et l’assurance (61 % ne s’y disent « pas vraiment » accompagnés). Chez les professions juridiques, en revanche, c’est la bérézina. 82 % des répondants s’y affirment « non accompagnés » par leur Opco…

Une pratique peu encadrée par accord collectif

Pour autant, les mécaniques du co-investissement demeurent des agréments de gré à gré. Seuls 20 % des personnes interrogées signalent la présence d’un accord collectif relatif au CPF sur leur lieu de travail. Dans 66 % des cas, l’abondement de l’employeur prend la forme d’un versement volontaire de celui-ci au CPF du salarié demandeur. Et, là encore, les pratiques d’entreprises sont inégales : pour 35 % d’entre elles, les dotations ne dépassent pas les 500 euros. Elles sont autant à co-investir dans une fourchette de 500 à 1 000 euros. 10 % accordent entre 1 000 et 2 000 euros et 20 % dépassent les abondements supérieurs à 2 000 euros.

72 % des salariés prêts à investir leur propre argent

Pourtant, les salariés sont en demande de formation ! Notamment sur certaines compétences qu’ils estiment « essentielles » dans les 4 ou 5 années à venir comme les soft skills (notamment la gestion de projets), l’informatique ou les nouveaux outils numériques, le management, la RSE ou l’IA. À côté de ces nouveautés, les formations réglementaires et obligatoires ou les langues étrangères ont toujours la cote. D’ailleurs, les salariés semblent bien avoir conscience de la nécessité de renforcer leurs compétences. Y compris en investissant eux-mêmes de l’argent à cette fin, comme 72 % des sondés l’indiquent. 79 % y voient la condition de l’évolution de leurs pratiques professionnelles dans leur métier, 58 % la garantie de conserver leur attractivité professionnelle et 28 % envisagent une reconversion. Et si leur employeur ne les accompagne pas, ils sont prêts à s’y engager de façon autonome. 45 % affirment avoir ainsi déjà suivi une formation de leur propre initiative, y compris en dehors de leur temps de travail (et 24 % se disent prêts à leur faire). 69 % ont déjà contacté un organisme de formation de leur propre initiative.

Cependant, la confiance dans l’employeur n’est pas émoussée pour autant, puisque 67 % ont déjà évoqué leurs souhaits de formation avec leur hiérarchie et 42 % indiquent avoir déjà construit un parcours de formation avec leur manager ou leur service RH.


2e Baromètre de la formation professionnelle publié par Lefebvre Dalloz Compétences

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre